Accueil

  DATES FORMATIONS 2024
 
Formation ACAFC : Formation théorique à Gonsans le Dimanche 21 Avril 2024
Formation ACAFC : Formation Pratique à Mandeure le Dimanche 5 Mai 2024
Formation ACAFC : Epreuves de fin de formation + Assemblée Générale à Gonsans le Dimanche 2 Juin 2024
FDC25 : JFO le samedi 20 avril et samedi 24 août 2024 à Gonsans 

Photos des Trophées ACAFC depuis juin 2022 >

lundi 30 décembre 2019

Une deuxième pour une première par David

 Une deuxième pour une première


En ces premiers jours d’ "hiver la terre pleure, le soleil froid, pâle et doux vient tard, et part de bonne heure / Ennuyé du rendez-vous" écrivait Hugo. Voici les quelques vers qui me vinrent à l’esprit en ce matin du 28 décembre 2019. Le mercure affiche -2°C, le vent nous fait grâce de sa clémence, le ciel est clair et les étoiles laissent place aux lueurs de l’aube à l’instant où j’arrive à la cabane de chasse. Après de cordiales salutations à mes camarades d’arme et l’aurore nous ouvrant les portes d’une journée propice à la quête d’un gibier encore insouciant, nous nous dirigeons vers nos postes respectifs.

Je peux alors admirer une nature étincelante de givre, les feuillus laissent apparaître leurs branches complétement dénudées et un épais tapis de feuilles mortes qu’on a plaisir à fouler jonche le sol. J’arpente ainsi les deux-cents derniers mètres du coteau que culmine le mirador du poste 12. Je m’installe donc le souffle encore haletant, mon matériel est vérifié, mes lames sont affutées, que dis-je, affilées mon cher Momo.

J’encoche ma flèche et j’attends. Mon rythme cardiaque redescendu, le silence reprend ses droits et je m’émeus : « Là, tout n’est qu’ordre et beauté / Luxe calme et volupté » dirait Baudelaire. Cet instant est soudain contrarié par les aboiements lointains des chiens et mon attention est brusquement happée vers ce point. En l’absence d’indices de ce côté, je tourne alors mon regard à l’opposé et vois poindre à 40 m un couple de chevreuils qui se dérobe tranquillement dans ma direction. Leurs regards sont tout entier voués aux chiens en approche mais ne semblent pour autant pas inquiétés.

J’arme mon arc et prie pour qu’ils se rapprochent encore. Ainsi soit-il, la chevrette s’arrête de profil à 25 m. C’est un peu loin j’en suis conscient mais je connais bien mon équipement et je sais que j’ai très peu dérive latérale à cette distance. Je décide de décocher et à mon grand dam, la flèche passe juste en dessous du buste de la bête. Contre toute attente et alors que j’imagine mes espoirs réduits à néant, le gibier ; surpris par l’impact du projectile quelques mètres plus loin ; se rapproche davantage de moi.

Après cette première exaltation, je tente de reprendre mes esprits. Tandis que la traque se poursuit, je saisis d’une main de velours encore frémissante une nouvelle flèche de mon carquois, l’encoche et réarme mon arc en ne quittant pas ma proie des yeux. Ce bref épisode de réaction me parait interminable et je vis un véritable paradoxe émotionnel. D’un côté, je suis convaincu que l’animal va me démasquer d’une seconde à l’autre ou qu’il va être effrayé par l’arrivée tonitruante de nos fidèles compagnons canidés. De l’autre, je suis consterné de voir cette si belle créature immobile, si proche et si paisible, inconsciente de la menace imminente qui pèse sur elle. 

Au moment fatidique où la tension atteint son comble, je décoche à nouveau ma flèche avec certitude dans un soulagement incommensurable. Cette dernière file dans une dernière danse vers son dessein et transperce de part en part l’animal qui ne semble lui-même pas comprendre ce qui lui arrive. Les indiens diraient qu’ "il est mort mais ne le sait pas encore". La chevrette entame alors quelques soubresauts dans une ultime chevauchée d’une dizaine de mètres, s’arrête, tressaille et s’effondre gracieusement sur le flanc.

Je descends du mirador et parcours 19 m jusqu’à la flèche ensanglantée qui trône fièrement plantée à même une branche morte à proximité du corps sans vie de ma victime. Je remercie mon seigneur et sonne la mort. De retour à la cabane de chasse, les faits révèleront une chevrette de 25 kg touchée en plein cœur.

Mes collègues me félicitent chaleureusement. Plus particulièrement, un membre de l’équipe qui, admiratif de l’état des deux dernières venaisons fléchées, dira que l’année prochaine tous devraient se mettre à la chasse à l’arc. Toute plaisanterie à part, c’est bien là ma plus grande fierté, à savoir, promouvoir la noblesse de notre pratique que j’aime considérer comme un art martial (de la chasse) et qui nécessite de fait une certaine exigence corporelle et spirituelle. Pour clore mon propos je vous propose 2 citations qui résument à mon sens assez bien ces 2 aspects :

- « Je ne crains pas l'homme qui a pratiqué 10.000 coups une fois, mais je crains l'homme qui a pratiqué un coup 10.000 fois. » Bruce Lee

- « Ne frappe pas pour gagner, frappe après avoir gagné » Miyamoto Musashi

David Bruey



 

5 commentaires:

  1. Réponses
    1. Merci Momo,
      j'ai toujours une petite pensée pour toi lorsque je sors mon kit lansky pour un affutage avec une précision horlogère ;-)
      Excellent réveillon à tous.
      a+

      David

      Supprimer
  2. Très joli récit félicitations pour l'animal prélevé

    RépondreSupprimer
  3. Noblesse... Spiritualité....arts martiaux ....des mots qui ont autant d'impacts que tes flèches décochées pour atteindre tes cibles que non-seulement tes yeux visent mais également ton cœur. Certes l'animal ne peut plus dire si il a souffert ou pas... Cependant un seul coup et un seul impact propre aura eu raison de l'animal qui s'offre à toi en sacrifice et que tu remercie si spirituellement. Tu me donne une autre vision de la chasse et de toi que je découvre progressivement tel le beau papa en apprenti-sage que je suis😉😊😘

    RépondreSupprimer

Quand vous publiez un commentaire, voici la marche à suivre :
- Si vous avez un compte Google, vous pouvez vous identifier dans la liste déroulante "Commentaire"
- Sinon, vous pouvez saisir votre nom ou pseudo par Nom/URL