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lundi 8 octobre 2018

Passage de témoin... Un brocard en battue pour Sam avec Titouan

 
Passage de témoin...

Nous sommes le 30 Septembre 2018. 
 
Après avoir eu encore trois belles occasions non saisies ce samedi sur mon ACCA de prédilection, (Par fainéantise assumée de ne pas avoir à dépouiller et surtout pour le plaisir simple de voir les animaux de très très près!) Je me laisse inviter par Thierry, avec Pat sur l'ACCA d'Allondans qui est située entre Montbéliard et Dung. Nous sommes très bien reçu par les chasseurs locaux à 8h00 pour le rond du matin qui est mené avec justesse et aplomb par le président. Le secteur chassé sera celui dit "des vignes" et pour l'occasion le président nous propose de nous placer dans un secteur qui est une zone de fuite possible du grand gibier jouxtant la route départementale fréquentée qui mène à Dung.
 
La pertinence de l'usage d'archers et la connaissance parfaite de son territoire impose un respect tout particulier à ce président qui nous offre sa confiance. Les consignes sont claires: un brocard, un sanglier mâle de plus de 40 kgs et plusieurs petits sangliers sont désignés comme "tirables". 
Pour l'occasion, Titouan m'accompagne. Il lui tarde d'être en poste avec moi sur son tree stand. Il a la grande responsabilité d'assurer les "coups de corne" éventuels qu'il aura à exécuter ou à répéter.
 
Le café avalé et le rond terminé, Nous partons nous placer. Une fois arrivés au parking de chasse, nous suivons Pat et un carabinier qui se placera une centaine de mètres plus haut par rapport à nous. J'ai pris les deux tree-stand et les échelons sur le dos. La "grimpillotte" dans le bois me scie les côtes car ma charge n'est pas bien répartie sur mon dos. Nous laissons en route Pat, qui décroche pour se poster entre la route et nous. Arrivés sur le faux plat le carabinier me désigne une zone moins touffue en bord de pente où les animaux passent bien quand ils sortent de l'épais qui nous surplombe. J'avise, un peu perplexe, les ronces à traverser pour atteindre un arbre accueillant. C'est plus pour Titouan que moi que cela est délicat car il a, malgré ses bientôt 11 ans, des petites jambes et ne peut enjamber aussi aisément que moi les ronces vivaces. Du coup, je décide de remonter de dix mètres et traverser vers un autre arbre, certes un peu plus chétif mais mieux placé par rapport au vent, ronces et l'emplacement des coulées visibles qui attestent les allégations cynégétiques de notre confrère carabinier.
 
J'installe aussi vite et aussi furtivement que possible les deux échelles et les deux tree stand qui sont sanglés ensemble de manière doublée. Ainsi nous sommes placés quasi dos à dos avec Titouan qui une fois installé ne manque pas de jouer les sémaphores et moulin à vent avec ses bras et ses jambes...
 
Pat m'envoie des SMS pour me dire qu'il nous voit depuis sont poste et qu'il ne manque pas une seule des facéties de mon loustic qui finit par se tordre sur place et me réclamer le droit d'uriner... Ceci bien entendu... Juste après le coup de départ de traque!!! Pour se passer le temps, il s'amuse à guetter le Pat dans ses jumelles.
 
 
 
Ne voulant pas me mettre une pression de flic trop dur, je lui impose seulement de s'attacher à son siège et de rester assis. Mais au bout d'une demi heure, il ne tient plus en place, et il faut qu'il joue au MANNEKEN-PIS... Je ne sais pas si c'est le coté amusant de la chose ou si mon fils présente des problèmes ultra précoces de prostate... Mais je suis obligé de le laisser faire... Il urine alors joyeusement du haut de son tree stand pour son plus grand amusement! Le prochain coup, il prendra une bouteille de lait pour pisser dedans!!! Il aura alors une autre attraction (moins pénalisant pour moi) pour passer le temps... de manière plus ludique!
 
Il fait beau, les chasses des chiens de Thierry se font plus rares, des sangliers semblent avoir été levés sur le plateau au dessus de nous, mais nous n'en verrons pas la couleur.
La matinée de chasse semble toucher à sa fin, les chiens reprennent un peu de vigueur, mais sans venir vers nous. Je regarde ma montre qui pointe 11h40. Ma vision est pourtant attirée par un mouvement animal au dessus de nous. Je distingue rapidement une chevrette qui semble vouloir se dérober de la place, je pense que les chiens ne vont pas tarder à empaumer sa voie, mais il n'en sera rien car en guise de limier, cette gourgandine est très étroitement suivie d'un beau brocard.
 
J'alerte discrètement Titouan pour qu'il prenne garde de ne pas gâcher l'occasion et qu'il en profite pour s'en mettre plein les mirettes.
les chevreuils suivent scrupuleusement la coulée la plus marquée qui passe à une quinzaine de mètres de nos tree-stand.
 
Chose étrange, le brocard suit la chevrette en émettant des grognements sourds similaires à ceux émis lors du rut estival... Assisterions nous à une répétition de parade tardive?
Le couple qui avance doucement s'arrête à notre hauteur, Titouan est calme et observateur, les chevreuils ne semblent pas inquiets. Je suis le brocard dans mon viseur. Une zone dégagée. Feu, ma flèche est partie, le brocard fait deux pas et semble cherché ou est cette "branche" qui semble l'avoir heurté et il se lèche le flanc. La chevrette elle, semble beaucoup plus alerte et évente tout azimut. Titouan me chuchote qu'il voit une tache de sang sur le poitrail du brocard, mais j'ai déjà pris une deuxième flèche et profite d'une position 3/4 arrière pour envoyer ce deuxième "missile" qui atteint le brocard dans un "ploc" mou et qui fera partir en trombe les deux petits cervidés... Je compte dans ma tête mais je n'entends plus rien avant 15 secondes et je me mets à douter sur mes deux flèches... 
 
Titouan sonne les deux coups de cornette réglementaires. Un quart d'heure après, résonne le signal de fin de traque. Nous descendons des tree-stands et mettons les affaires en paquetage le temps que les 20 minutes réglementaires soient écoulées.
Pat nous rejoint avec son arc et nous entamons la recherche d'indices. Le temps étant chaud, il ne faut pas perdre trop de temps non plus car si la tripaille est atteinte la venaison deviendra vite inconsommable. Nous trouvons du sang, le confrère carabinier se joint à nous et participe à la recherche (son arme permettra le cas échéant d'achever l'animal, si il devait être relevé... Au cas où!!!)
 
Nous faisons quelques mètres et Titouan me retrouve une flèche, la première selon l'angle de tir (La deuxième ne sera jamais retrouvée certainement perdue dans les ronces!). Mes "chiens de sang" improvisés travaillent bien! Je regrette que Fred notre conducteur UNUCR, pourtant présent à cette battue, ne soit pas là avec Bella sa rouge... Il va me dire que je fais tout pour ne pas le faire travailler!!!
 
Au bout d'une quarantaine de mètres, alors que nous balisions la dernière reposée visible pour programmer la recherche avec Belle et Fred, Titouan nous dit "il est là"... Devant nous à 12 mètres environ, le brocard est couché la tête encore debout mais il est au bord de la mort. Pat l'achèvera d'une flèche en plein cœur.
 
Cette fin, si elle n'est pas celle que j'aurai écrit pour un récit modèle, revêt tout de même pour deux points, un caractère appréciable à mes yeux:
*Premièrement, le binôme SAM et PAT a encore bien œuvré, pour ma plus grande satisfaction car Pat a permit d'abréger très rapidement les souffrances de cet animal magnifique auquel j'ai quasiment retiré la vie mais, très honnêtement, en n'ayant pas donné le meilleur dans mon tir. Et cela est une faute de ma part...
*Deuxièmement, le binôme SAM et TITOUAN a été au top. Mon MANNEKEN-PIS s'est très bien tenu durant la phase la plus délicate de l'approche des chevreuils vers nous et il nous a bien aidé dans la recherche au point de nous indiquer l'endroit ou était couché le brocard. 

Titouan était très fier de pouvoir poser à coté de son "papou"... De mon coté, j'ai senti qu'un témoin moral et éthique était passé entre mon fils et moi. Selon son attitude et les commentaires qu'il m'a adressé, Titouan a visiblement parfaitement compris que la chasse ne se résumait pas au tir d'un animal. Et, au delà du tir, il était capital de se préoccuper de retrouver rapidement l'animal (surtout quand il est mal) tiré pour pouvoir le consommer correctement et surtout, tout mettre en oeuvre pour achever ses souffrances potentielles dans les plus brefs délais.
 
Il lui faudra encore d'autres sorties avec moi pour qu'il se forge sa vision de la chasse, les valeurs que j'espère lui transmettre. Mais cette action lui a, j'espère, indiqué le bon cap pour expliquer la vérité, qu'il fera sienne, sur notre pratique et sur son utilité dans notre société qui ne sait plus d'ou provient ce qu'elle consomme.
 
Mardi j'ai cuisiné foie cœur et reins en griottes (La recette Kodienne est toujours la meilleure et garante d'un régal familial) avec des spaetzles. Je ne peux que vous laisser imaginer l'état nickel des assiettes au retour pour la vaisselle.
 
Samuel Journot