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mardi 14 novembre 2023

Un cerf à l'arc, des amis, de la joie, du bonheur... un rêve éveillé...

L’histoire commence au printemps, avec l’impulsion de l’ami Damien qui me propose d’effectuer des demandes de membres admis dans 3 ACCA où il est membre. Le but étant d’obtenir le précieux sésame dans l’une des trois, car ces ACCA ont toutes un plan de chasse « cervidés », animaux dont je n’ai que très rarement la chance de côtoyer et qui, comme beaucoup de chasseurs me font rêver.
Le "hasard" a voulu que je sois retenu dans les 3 et pour ne pas faire de jaloux 😊, j’ai accepté les 3 cartes.
 
L’été a permis de parcourir ces trois territoires, d’y faire quelques captures et surtout de vivre déjà de fabuleuses émotions partagées avec Damien, lorsque l’un ou l’autre (ou les deux) avait le bonheur de prélever ou simplement de voir des animaux.
L'automne et la période de brame arrivés, j'ai pu en prendre plein les yeux avec quelques vidéos de "grandes pattes" issues de pièges-photo judicieusement placés sur les conseils de mon hôte, puis avec l'arrivée des battues, les rencontres se sont faites en réel, à plus ou moins grandes distances mais avant les dates définies par chacune des ACCA pour l'ouverture du coiffé. Je garderai longtemps le souvenir 😍 de ce gros 10 qui, à 5m de mon arbre, a levé la tête pour me fixer dans les yeux, pour repartir ensuite sans m'avoir identifié comme un danger.
 
Puis arrive ce 12 novembre, la météo est exécrable, il pleut sans discontinuer. Les consignes données par le président, Damien me dit de filer à mon poste mais lui est indécis, ne sachant pas quelle arme choisir entre son arc et sa carabine…
20mn plus tard, je suis opérationnel, posté au milieu d'une grande futaie dont le sol n'est composé que de ronces entrecoupées de coulées de cervidés. Mon tree-stand est installé depuis 10 jours et c'était avec d'amples incertitudes que j'avais jeté mon dévolu sur un jeune chêne au carrefour de plusieurs coulées, un schéma que l'on retrouve tous les 50m dans ce bois, donc pas vraiment simple (habituellement, on galère pour trouver des coulées, ici, il y en a trop …). Le but étant surtout d'apprendre et profiter de la visibilité à 100 ou 150m pour visualiser plus précisément le déplacement des animaux.
 
Depuis de longues minutes déjà, j'entends la mélodie d'une chasse de grands courants, je situe ça chez les voisins ou dans une régénération limitrophe sur notre commune, quand un mouvement attire mon attention. Je reconnais immédiatement la silhouette d'un cerf coiffé, il est à 150m environ. Il se dérobe doucement, s'arrêtant tous les 30m. je le suis du regard et m'aperçois qu'il a fait un angle à 90° et me vient désormais droit dessus … là, je crois que mon palpitant a fait une grosse embardée. Je me positionne le mieux possible et utilise le peu de ressources mentales qu'il me reste pour définir le moment où je vais armer. Le coiffé est désormais à 40m, arrêté, j'arme quand il repart … il stoppe de nouveau à 10m de moi et observe les alentours sans me capter, la shaggie Camoleon rempli son rôle à merveille une fois de plus... 
 
Le pin de mon viseur est posé au creux de son épaule mais je me demande si je ne ferais pas mieux d'attendre qu'il passe sur mon côté pour avoir un léger ¾ arrière. La flèche est partie, manifestement mon cerveau avait moins de ressources pour réfléchir que pour commander mon index. Le cerf fait volte-face et reprend sa marche de sénateur en repartant d'où il est venu. Je suis dépité 😱, ma flèche n'a pénétré que la moitié de la longueur, il est parti avec. Je le suis des yeux pendant presque 150m puis le perd de vue.
Je corne la mort, je fais ensuite appel à un ami … Damien me répond qu'il arrive, car après mon départ, il a décidé de traquer avec son père. 15mn plus tard, lorsque mes jambes me le permettent de nouveau, j'entame la descente du tree-stand. Je sais d'avance que tous les paramètres sont réunis pour qu'il n'y ait aucune trace de sang : la pluie battante, la position de l'atteinte, la flèche dedans … bref une galère qui s’annonce… 
 
Appel à un 2ème ami : Frederic, conducteur UNUCR est en battue en Alsace, il partira dès la fin de traque pour venir nous rejoindre. Entre temps, Damien est arrivé, on fait les premières constatations et il trouve la direction précise de fuite avec les ronces retournées et le pied du cerf. Par expérience, je sais que le black-out provoqué par le tir m'empêche généralement de me souvenir des premières secondes après celui-ci, ça fait plus de 20 ans qu'il en ait ainsi, je m'en suis accommodé. Puis il me dit " - ça sent le cerf !!!" " – effectivement, lui réponds-je, il y en avait un ici, il n'y a pas 20mn…" 
 
On suit les ronces retournées sur une cinquantaine de mètres puis sur mon insistance, nous repartons à mon tree-stand. De nouveau, il m'annonce sentir le cerf, effluve que je perçois également. Nous repartons à la voiture puis au local pour attendre Fred et se restaurer avant la recherche. Je ne suis pas hyper confiant et l'appétit n'est pas au rdv. J'envoie un message à ma chérie Sandrine pour l'avertir de mon tir et de la recherche, je sais qu'elle aurait adoré profiter du même spectacle que moi, son appareil photo en main.
L'attente est longue, je piétine … et enfin Fred arrive !!! un café et quelques minutes plus tard, nous démarrons la recherche, Bella, une chienne rouge de Bavière, en tête. Je sais d'avance que ça va être compliqué … la chienne avance doucement, suit le parcours de ronces retournée, elle fait "ses arrières" régulièrement, c’est effectivement difficile, puis elle nous amène à une coulée où on trouve un pied frais… Bella piste désormais le nez au sol, appliquée, Fred annonce qu'elle a trouvé la voie à sa façon de travailler… c'est alors que je lève les yeux et ….
 
" – il est lààà !!!" (Je vous fais grâce de l'intonation de ma voix à ce moment-là, mes compagnons de recherche ayant un sens de l'imitation très particulier se chargeront de la reproduire comme ils l'ont fait tout le reste de la journée…) 
 
S'en suit un moment d'émotion comme seule la chasse et surtout la chasse à l'arc est capable d'en donner, un moment de partage incroyable, un de ces moments pour lesquels, on a fait tant de sacrifices, de concessions … le pied mais alors le pied total !!!!!
Le cerf a fait environ 150m depuis l'anschuss. Damien avait raison, c'est bien lui qu'il sentait ce matin quand le vent arrivait depuis la direction de fuite.
 
Une rapide photo de l'extrémité du trophée et envoi immédiat à ma chérie pour la rassurer. La suite ne fût que bonheur, et l'épreuve physique annoncée pour déplacer 218kg de chair, d'os et de trophée à travers bois et ronces fût largement diminuée par un Damien déchainé qui a réussi le tour de force d'amener son pick-up à 1.5m du cerf. Son travail était loin d'être terminée puisqu'après la séance photo, il s'est chargé du dépeçage et de la découpe complète du cerf en un temps record. Je n'ai pas essayé de lui contester cette besogne car je le sais atteint d'une pathologie physiologique : ses mains se dessèchent si elles ne voient pas de sang pendant plus d'une semaine…
🫣

 Pour tout ce qui est écrit ci-dessus, je voudrais vraiment lui exprimer ma reconnaissance et ma gratitude. Je vous souhaite vraiment d'avoir des amis avec un cœur comme le sien.
Je voudrais remercier également tous les adhérents de l'ACCA et son président pour leur accueil et leurs félicitations du jour, les photographes Audrey , Joey, Victorien ainsi que toutes les personnes qui de près ou de loin ont également contribué à cette merveilleuse journée, en particulier ma chérie d'amour 🥰qui "supporte" cette passion dévorante au quotidien.
 
Patrick Morel