Source : l'Est Republicain.fr
Dans la nuit de jeudi à vendredi, une ou plusieurs personnes se sont
introduites sur le site d’élevage de visons de Montarlot-lès-Rioz et
ont ouvert les cages libérant 350 animaux. 90 manquent toujours à
l’appel. Le propriétaire a porté plainte.
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90 animaux manquent toujours à l’appel. Photo illustration ER /DR |
« J’en ai pleuré
quand j’ai découvert ça : j’ai des animaux mutilés, les femelles se sont
battues. Certaines n’ont plus de queue, les lèvres arrachées, il y a
des blessés de tous les côtés », explique Sylvain Chassain, éleveur de
visons à Montarlot-lès-Rioz.
Dans la nuit de jeudi à vendredi, une
ou plusieurs personnes se sont introduites dans son élevage et ont
ouvert les cages de 350 visons d’Amérique, soit 80 % de l’exploitation.
En été, après la naissance des petits, l’élevage peut monter jusqu’à
2 200 bêtes. « On en a récupéré une partie sur le site. Il en manque 90.
On pense qu’ils ont été volés car sur un 1km2 autour de l’exploitation,
on en a retrouvé aucun », ajoute l’éleveur qui a porté plainte ce
vendredi à la gendarmerie pour vol, dégradation et actes de cruauté.
Un projet d’extension contesté.
Depuis plusieurs mois, le site est au cœur d’une polémique. Sylvain Chassain a déposé en 2016 une demande d’agrandissement pour 7 700 visons
, qui, après enquête publique, lui a été accordée par la préfecture.
Depuis 2018, l’association Combactive se bat pour faire annuler cette
décision. Elle a assigné en justice la préfecture de Haute-Saône.
« Comme ce qui a été fait dans le Doubs, à l’élevage d’Émagny, où, après des années de procédure , nous avons obtenu gain de cause. C’est la première fois qu’un propriétaire a été condamné à de la prison ferme », commente Fabien Robert, président de l’association dijonnaise.
« À Montarlot, les
conditions sont meilleures qu’à Émagny, c’est même peut-être un des
meilleurs élevages », concède-t-il. « Mais les cages restent toutes les
mêmes : les visons peuvent tout juste s’y lever. Et les visons
d’Amérique n’ont rien à faire chez nous : ils vivent au bord des
rivières et sont plutôt solitaires. Ces élevages concentrationnaires ne
devraient plus exister. »
Manifestation le 4 mai
Combactive met aussi en avant dix
points techniques environnementaux « pouvant causer préjudice aux
riverains » dont « le lisier des visons hautement polluant en phosphore
et injecté dans un méthaniseur sans connaître l’impact à court et long
terme ».
De là à y voir un rapport avec l’ouverture des cages ?
« Il n’y en a aucun », affirme Fabien Robert. « Il faut savoir que les
animaux libérés seront tous morts d’ici trois jours : ils ne savent pas
manger seuls, ni boire, ce sont des proies. On ne peut pas cautionner
cette action même si on peut la comprendre. Ceux qui ont fait ça ont dû
penser “il vaut mieux vivre un ou deux jours en liberté que toute sa vie
en cage” ».
Le 4 mai, une manifestation est prévue pour dénoncer
le projet d’agrandissement de l’élevage. « Après une marche symbolique
dans le centre de Vesoul, des cars seront mis à disposition pour
conduire les volontaires à l’élevage de Montarlot-lès-Rioz », annonce le
militant de la cause animale.
Eléonore TOURNIER