Y a des soirs comme cela ou tu sens que les choses vont se faire...
Je pars me poster ce dimanche 10 Août 2025. Titouan me dépose au plus près. Il n'est pas motivé pour chasser ce soir. Il fait chaud et il se lasse de ne voir quasiment que des animaux non tirables...
On voit beaucoup de chevrettes suitées ce qui est une excellente nouvelle. Il fera le chauffeur pour le "vieux"
Je suis en place à mon affût à 18h00 pétantes. Les minutes, puis les heures passent tout semble immobile dans cette langue de bois ou je suis posté entourée de cultures et bordée par un épais taillis.
Il est 20h45...Je n'ai rien vu du tout, mis à part un tiercelet qui est passé à quelques centimètres de mon chapeau... je me suis dit: "J'ai le vent dans le dos. S'ils sortent de l'épais devant moi, comme je le subodore, pour sortir nez au vent, ils devraient me passer à quelques mètres". 20h46... quelque chose bouge dans le sombre. Un coup de jumelles. Et là, à 30 m, les lentilles de ma paire de Leica se posent sur un très beau broc qui rumine, il est immobile, et regarde la lisière située à ma droite.
Il ne semble pas décidé à bouger et il tarde à s'avancer. La luminosité baisse vite dans le sous bois et s'il ne se décide pas dans un quart d'heure je ne pourrai plus tirer. Il n'a pas l'air inquiet, ni à la recherche de l'âme soeur (le rut semble être terminé). Il a même plutôt l'air serein. Il rumine simplement, là, debout, immobile à 30 m... Soudain, au bout de 10 minutes, pris par je ne sais qu'elle envie, les choses s'accélèrent.
Il part en zig-zag dans la langue de bois pour venir se planter de flanc à environ 8 m de moi. Je me suis alors laissé pivoter doucement en suspension et en silence autour de mon tronc d'arbre pour avoir l'angle de tir parfait et armer mon arc.
Le brocard a la tête cachée par un arbre, qui lui dissimule mon mouvement, et la zone vitale est dégagée de toute entrave. Tout est au vert... J'ai posé le pin de mon viseur lumineux sur son flanc juste derrière la patte avant, j'ai décoché ma flèche alors que je suis complètement de pivot, un pied sur la plate-forme l'autre dans le vide a 4 m de haut et le corps à 45⁰ par rapport au fut de l'arbre. Je suis resté dans cette position jusqu'à sa chute, 10 secondes après le tir.
J'ai ensuite remis les deux pieds sur ma plate-forme, j'ai posé l'arc et saisi mes jumelles pour regarder à l'endroit où j'ai vu tomber sa masse dans un grand fracas. Comme je vois qu'il ne respire plus, je me suis dit:" C'est bon, tu peux appeler Titou qu'il vienne te chercher et descends le matos". Un quart d'heure plus tard j'étais à côté de ce beau brocard qui accuse 25 kg plein. Ma trilame a fait un beau logo Mercedes sur le coeur (coeur dans lequel deux empennes décollées sont restées coincées). C'est le 2 ème animal que je tue avec cette flèche (après la chevrette Hongroise de l'an dernier). Je me souviens avoir pris le temps de repasser un coup de cuir enduit de pâte de polissage sur la lame exodus avant de partir de la maison... Je pressentais ce qui allait advenir de cette belle soirée d'été.
Nous l'avons vidé et dépouillé avec Titou après avoir rendu les honneurs à ce bel animal qui aura eu le temps de transmettre ses gènes a quelques belles chevrettes, avant de s'offrir à moi.
Merci St Hubert et St Sébastien.
Samuel Journot