"L'image de la chasse est négative". Le président de la fédération des chasseurs des Pyrénées-Orientales constate chaque année qu'une centaine de personnes ne renouvelle pas leur permis. Pour donner un nouveau souffle à cette pratique, les femmes apportent leur touche de douceur et de naturel.
Nathalie Cervelo a son permis de chasse depuis un an. Ongles vernis, coiffure sophistiquée, chaussures à talons, elle est employée de bureau à Perpignan et possède une maison de vacances en montagne, à la frontière entre l'Aude et le Capcir. Sur les réseaux sociaux, elle a fièrement publié sa photo, après avoir tué son premier sanglier.
Nathalie Cervelo s'est intéressée à la chasse comme aux autres sports de pleine nature, la randonnée ou encore le vélo :"Nous ne sommes plus à l'époque des Cro-Magnons, où il fallait chasser sa nourriture, dit-elle, ni à celle où la chasse était un loisirs essentiellement masculin, où c'était l'abattage qui était valorisé et médiatisé."
"Aujourd'hui on est sur un autre type de performance, la chasse relève de l'écologie : l'humain gagne sur la forêt, donc le gibier se retrouve parfois en surabondance. Il doit quitter la forêt pour trouver d'autres lieux pour se nourrir comme les abords des villages ou des villes, donc la chasse est une manière actuelle de pratiquer un loisir, un sport, tout en maintenant un écosystème."
Contrairement à la tradition, aucun homme dans la famille de Nathalie Cervelo n'a jamais pratiqué la chasse. Lorsqu'elle a voulu passer son permis, elle a bénéficié de l'appui de Chasse au Natur'Elles, une nouvelle association de chasseresses* créée en avril 2015.
"Nous allons à la chasse entre copines comme on pourrait aller faire du shopping", raconte la présidente de l'association, Delphine Ortega, et "il est hors de question de passer pour des garçons manqués ! Nous sommes toutes très féminines, et c'est vrai que nous voir en tenue de chasse, avec le pantalon, les grosses chaussures, le fusil et la carabine, ça peut être assez surprenant, surtout qu'il y a quand même l'acte de tuer l'animal qui interpelle pas mal de personnes."
"La chasse, c'est un monde d'hommes, explique Delphine Ortega. Il faut s'imposer et certaines n'arrivent pas à passer ce cap. L'association aide donc les femmes à participer aux sessions de formation, pour valider leurs examens."
Les chasseresses ne représentent que 1% des pratiquants dans les Pyrénées-Orientales, mais la jeune association Chasse au Natur'Elles gagne rapidement de nouvelles adhérentes.
Elles sont une vingtaine pour l'instant qui n'ambitionnent pas de révolutionner la chasse mais veulent apporter une touche de douceur dans ce monde masculin. "Les femmes sont plus respectueuses des procédures, plus fair-play", explique Delphine Ortega.
Le premier à se réjouir de ce nouveau regard sur la chasse, c'est le président de la fédération des chasseurs des Pyrénées-Orientales, Alain Esclopé. Le magazine de la fédération, édition 2015, met même l'association de chasse féminine à la une.
Pour le président,"Il faut que les gens sortent de cette image, absolument négative du chasseur qui tire sur tout ce qui bouge: l'image du viandard." En quelques années, le département est passé de 10 000 titulaires du permis de chasser à 8 000.
"En plus, les adhérents sont vieillissants, la moyenne d'âge est de plus de 50 ans", explique Alain Esclopé pour qui la féminisation de la pratique contribue à attirer de nouveaux adhérents : Des chasseurs pour qui "le côté nature, est plus important que la tradition".
Chasseresse : terme employé par les membres de l'association Chasse au Natur'Elles pour parler des femmes qui chassent.
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