Ce samedi 16
novembre, une belle journée hivernale se profile. Il fait beau et froid, le
givre et le soleil illuminent le bois où je suis posté. Entre feuilles et
sapins, je suis caché dans un bouquet de noisetiers encore bien feuillé.
Les chasses
démarrent et très vite, plusieurs chevreuils sont aperçus. Non loin de moi
chasse Popeye, le chien de mon ami Jean. Une chevrette se dérobe et vient droit
sur moi, à environ cent mètres, tranquille, au pas. J’attends patiemment
qu’elle se rapproche mais à vingt-cinq mètres de moi, elle bifurque et
s’éloigne. J’avais armé, j’étais prêt, mais pas question de décocher à cette
distance. Pour détendre mon arc, j’attends qu’elle passe derrière un sapin afin
qu’elle ne capte pas ma présence.
Je rentre à
midi avec la grande satisfaction d’avoir pu armer. Je dis à mes collègues, avec
un sourire : « Ahhh, ça se rapproche… doucement, mais toujours un peu
plus… » Comme d’habitude, mes potes me chambrent un peu en me disant que
le jour où cela arrivera, ils boufferont la peau du malchanceux qui aura pris
ma flèche. Je leur réponds que j’en prends bonne note…
L’après-midi,
on change radicalement de coin et c’est en plaine, bien bordée de buissons, que
nous attaquons la traque, toujours par un beau soleil. À mon poste désigné, un
peuplier-tremble est récemment tombé. Le houppier est parfaitement feuillé. Le
fût est à peu près à un mètre du sol. Je décide de m’asseoir dessus. Je me cale
bien et je procède à des essais d’amplitude de mouvement. Je pense que ça
devrait le faire.
Plusieurs
chevreuils sont vus et tirés par les carabiniers. Je suis le seul archer de
l’ACCA. Après une heure de chasse, un brocard sort du bois, à une cinquantaine
de mètres en face de moi. Il passe en travers, ne sachant pas trop où il veut
aller. Il passe à environs quarante mètres en parallèle. Soudain, il fait
demi-tour pour repartir d’où il vient. Il fait mine de rentrer à nouveau au
bois, puis finalement décide de revenir, mais cette fois, droit sur moi. Il est
super tranquille. Il s’approche. Je suis prêt. J’arme quand il passe derrière
le houpier. Je pense, à cet instant, à tous les conseils des formateurs : la
respiration, la « buck fever », etc...
Tout va très
vite, mais tout d’un coup le temps s’arrête. Comme au ralenti, je décoche.
J’entends le bruit caractéristique d’une flèche qui transperce la chair. Le
brocard fait un bond, puis demi-tour plein gaz. Il rentre au bois. Je contrôle
difficilement mes tremblements, je respire comme un marathonien et mon cœur
cogne comme pas possible…
Je regarde ma
montre. Je vais voir ma flèche, qui est restée sur place. Elle est maculée de
sang rouge sombre. Je lève les yeux sur la voie, dans le labour qui me sépare
du bois. Je remarque du sang, abondamment et sur les deux côtés de la voie.
J’attends, en prévenant le président. Au vu du sang de chaque côté de la voie,
je pense avoir touché en plein cœur… à voir.
Les fameuses vingt
minutes écoulées, qui me paraissent interminables, je rentre tranquillement
dans le bois.
Il y a du sang partout et à ce moment-là, je pense humblement ne
pas en avoir pour très longtemps à le retrouver. À peine trente mètres plus
loin, au pied d’un murger, gît mon brocard.
Je corne la
mort. La fin de traque ayant été sonnée, mon voisin de poste me rejoint et à
nouveau le temps s’arrête. Nous rendons les honneurs à l’animal et je remercie
St Hubert. J’ai du mal à contenir mes émotions. Mon voisin de poste, un jeune
chasseur, est émerveillé et envieux. Il me congratule et nous faisons quelques
photos.
Au
rassemblement, je propose à mes collègues la peau du chevreuil en guise de
quatre heures, et là, bizarrement, certains rigolent beaucoup moins, pendant
que d’autres prédisent en riant de fortes chutes de neige… Les félicitations
fusent de toutes parts, je suis un peu sonné quand même. Je ne réalise pas
encore tout à fait.
Je tiens en
particulier à remercier les formateurs des séances d’entrainement du samedi
après-midi. Je pense à Pat, Momo, Sam, Yop, Olivier et le grand Kod pour leur
gentillesse et leurs conseils pertinents qui nous tirent toujours plus vers le
haut. Leur façon de transmettre leur passion et leur savoir-faire portent leurs
fruits. Je leur dédie ce premier prélèvement.
En formation,
j’avais dit à Pat que pour moi, être archer était un aboutissement, un vieux
rêve. Mais aujourd’hui, cela a pris encore une autre dimension…
Un grand merci
aussi à Sandrine, pour la qualité de ses équipements Camoléon et leur redoutable
efficacité !
Fiche
technique :
Tir 12 mètres
Distance de
fuite : 60 mètres
Atteinte cœur,
deux ventricules touchés
Lames Stricker
Magnum, arc Mission DTX
Merci à tous
Pierre
Courtois
Bravo Pierre magnifique brocard et tu l'a super bien raconté je suis très content pour toi à bientôt
RépondreSupprimerFélicitations !
RépondreSupprimerWaidmannsheil pierre joli broc
RépondreSupprimerWaidmanns'heil Pierre et beau récit... Ah le bon coup de brut à venir...
RépondreSupprimerQuel plaisir de lire un tel récit ! bravo et félicitations pour ce beau brocard.
RépondreSupprimerTu as retrouvé une visette, Pierre ?
RépondreSupprimerCe ne fut pas un tir à vide, cette fois !
Félicitations !!!
Félicitations Pierre ! Rrrrrrrr
RépondreSupprimerWAIDMANN'S HEIL Pierre.
RépondreSupprimerMerci pour tes bons remerciements, c'es toujours sympathique.
Mais le plus bel encouragement pour tout formateur et accompagnateur de "bons débutants", c'est la satisfaction d'un tel dénouement pour nos "jeunes" Padawan.
Amicalement,
SAM
Merci infiniment pour vos messages. A la prochaine pour le brut...
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