Mercredi 22 juin 19h45 j’arrive vers mon
affût habituel convaincu que les champs seront fauchés. Déception car rien n’a
été fauché, tant pis je vais faire le tour du territoire. Ce ne sont pas les
grandes fauchaisons, juste un secteur de fait. Je m’en contenterai d’autant que
dans le secteur se balade un superbe brocard.
Je longe une haie et je vais me
positionne presque à l’extrémité, sur une coulée. Je peux surveiller d’ un côté
le champ fauché et de l’autre le champ où j’ai déjà vu le brocard.
Je m’installe. D’ abord le trépied puis quelques
coups de sécateurs afin de ne pas être gêné pour flécher. Ah ! ce n’est
pas le top, il faut encore quelques coups de sécateurs. Je suis très affairé,
tellement même que je ne vois pas tout de suite une chevrette et son
chevrillard sortir de la haie et évoluer dans le foin. Bien sûr elle m’a vu, et
se carapate vers l’extrémité du champ. Ça commence bien, il est tout juste
20h00.
Voila déjà une heure que je suis en pose.
Ah ! ça bouge à l’extrémité du champs, en bordure de haie. Un coup dans
les jumelles : un goupil. Il cherche sa pitance dans le champ fraîchement
fauché. Il doit être méfiant car il reste à proximité de la haie. Il est à
environ 250m. Je décide d’aller l’attendre un peu plus bas, comme ça je vais gagner
une bonne centaine de mètres. Là, le coin m’a l’air propice pour l’intercepter.
Je suis prêt, il n’y a plus qu’à attendre maître Goupil.
Le temps passe mais pas de goupil. Je me
déhanche et risque un œil. Il est toujours là, mais bon pas très pressé le
gaillard, un coup à gauche puis un coup à droite. Je ne vais pas risquer une
approche, je vais donc attendre…
Pfff ! Mais que c’est long ! Qu’est-ce
qu’il peut bien faire ? Tant pis je veux voir. Nouveau déhanchement, ben
il est toujours là, mais cette fois il est à tout juste 30m : c’est
chaud ! Ca y est il entre dans mon champs de vision. Il trottine, 20
mètres en plein travers. J’ai armé et la décoche s’en est suivie
instinctivement. " - TCHOC !!!! que ça a fait", c’est sûr il a
reçu mais fait volte face et en un éclair regagne la haie.
Arrivé vers l’anschuss, pas
évident : la flèche doit être enfouie sous le foin. Je me mets à 4 pattes
et inspecte l’herbe séchée. Ah ! Une goutte de sang puis deux. Là une
tâche, ça doit être l’anschuss. Je balaie un peu le foin et oui voilà ma flèche :
elle est tachée de sang.
Par contre pour retrouver le Goupil, pas
simple car il s’est engouffré dans la haie et derrière la haie un grand champ
qui lui n’est pas fauché.
Bon avant toute autre chose je vais déjà
retourner récupérer mon siège et mon carquois, ensuite on verra. Mon matériel
récupéré, je vais retourner à la recherche du goupil, mais avant un petit coup d’œil
circulaire sur les environs. Tout en bas ça bouge ! Un autre
renard ???? Un coup de jumelle pour vérifier : une chevrette et à
côté un brocard. Bis répétita, je redescends à l’endroit où j’ai décoché sur le
renard et surveille les deux chevreuils. Les deux animaux montent sur moi. La
chevrette évolue sur le milieu du champ et le brocard se contente de rester en
bordure de haie ; en fait on dirait qu’il est dans les traces du renard.
Malheureusement la chevrette m’évente et se sauve. Le brocard ne se pose pas de
question et suit la chevrette.
Tout ça, ça à pris du temps et le jour a
baissé. Je rentre chez moi.
Le lendemain, je parle de mon tir à Pat notre président,
qui me conseille de contacter Jean-Noël de l’UNUCR. Je le contacte, pas de problème pour lui. Nous partons sur les lieux en début d’après-midi. Arrivés
sur place, force est de constater que l’agriculteur a passé la pirouette :
adieu les indices. Malgré tout, j’avais
repéré la rentrée dans la haie, Jean-Noël y met sa chienne teckel, puis se
ravise et fait le tour de la haie des fois que le goupil soit allé dans les
grandes herbes. La chienne trouve la piste. Goupil n’a pas pris le parti des
hautes herbes mais celui de la haie.
Moi, je suis resté devant la rentrée, juste
devant moi la chienne. Elle progresse gentiment mais pour Jean-Noël c’est plus
difficile : très touffue cette haie.
Je me déplace parallèlement à la chienne
en m’arrêtant souvent pour écouter sa progression. Je l’entends qui souffle et
qui couine. De son côté Jean-Noël essaie de tempérer. J’ai marché plus vite que
la teckel mais pour moi c’est facile, pas d’obstacle. J’écoute et je scrute l’entourage.
Ah ! mon attention est attirée par une forme allongée au bord de la
haie : c’est le goupil. La chienne poursuit son travail et tout naturellement arrive sur lui.
Un grand bravo à Era et à Jean-Noël pour
d’une part pour leur disponibilité et d’autre part pour leur efficacité, malgré
la chaleur étouffante et les épines.
Patrice Château
Era et Jean-Noël après une recherche au dénouement heureux