Premiers pas dans une chasse qui m’a toujours attiré
Le 29 Octobre 2022, grand beau temps,
soleil, chaleur.
Rdv à 8h à la
cabane de chasse, café, croissants, mirabelle.
On décide de la 1ère traque,
1h30 au poste, rien ne se fait voir, tout est calme. Faut dire, cette année ne
restera, pour le moment pas dans les annales. Je ne serais pas de ceux qui
n’accable que le loup, ou le lynx. Une autre raison, de la diminution du
cheptel, c’est la gestion et la sélection des espèces. En effet, aucune
distinction de sexe, dans le Doubs, nous chassons à contre nature, éliminant
les génitrices (un chevreuil est un chevreuil) que je ne compte plus depuis mon
arrivée dans le Haut-Doubs.
Revenons à mon premier gibier à l’arc…
2ème traque : 3 postés dont moi à
l’arc, 1 traqueur et ses deux chiens. Un peu plus d’agitation, un chien donne
de la voix. Bon signe car Noucky n’aboie que lorsqu’un chevreuil est levé, et
il le fera courir autant que durera la battue.
Sur mon mirador, j’aperçois un 1er
chevreuil passant bien trop loin, se dérobant de la traque, ni vu ni connu.
Parti.
Dans cette ACCA, j’ai une chance, c’est que
nous pratiquons, la battue silencieuse, idéale à l’arc, car mon expérience des
années précédentes, me fait remarquer que nous tirons des animaux au pas ou à
l’arrêt, dans la majorité des tirs.
La chasse s’achève, je regarde l’heure,
11h30, un bruit de piétinement dans les feuilles sèches se fait entendre. Je me
reconcentre car je n’ai pas l’oreille fine. Effectivement, j’aperçois un chevreuil,
venant d’ailleurs, ni chasser, ni stresser, juste au pas, ne se doutant pas de
la battue en cours. Il fait sa vie normalement, il vagabonde dans sa forêt.
Aucun risque de perturbations, les chiens et le traqueur étant bien loin de
nous.
Je saisi l’arc, me concentre, respire,
calme, froid, sans émotions. Je l’observe et déjà au vu de son allure et de son
comportement, je sais qu’il va me passer à portée. Il me vient de face, passe
devant mon mirador à moins de 10 mètres, bifurque, passe devant mais ne
s’arrête pas. J’arme délicatement, je le prends en visée et ne quitte plus mon
point d’impact. Il s’arrête enfin à 13/14 mètres, position ¾ arrière. N’ayant
pas quitté une seconde ce chevreuil, je décoche. Sur le coup, il m’a semblé,
lâcher ma flèche sur un coup de doigt. Mais non, je vois l’impact de la flèche
juste derrière l’épaule, je n’ai aucun doute, l’hémorragie quasi instantanée,
impressionnante, me conforte dans l’estimation de mon tir, parfait. Avec du
recul, je me demande même, si cet animal a remarqué ce qui lui arrivait. Il
s’enfuit toujours au pas, une fuite pas plus rapide que son arrivée. Le terrain
très dégagé, me laisse superviser toute sa fuite, très petite, 15 mètres. Il
s’arrête au pied d’un Hêtre, l’hémorragie continue, quelques secondes, je vois
sa tête, chanceler, s’étourdir, il s’allonge et s’éteint dans une quiétude que
je n’ai jamais ressentie, l’effet chasse à l’arc.
Pour finir ce récit, avec moi il n’y aura
pas de brisée, pas de Weidmansheill, ou de Weidmandansk, pas de cérémonie du
chapeau. Je ne suis pas de ceux-là, de ceux de la chasse d’apparats, pour
paraitre vertueux. Le marketing n’a pas sa place dans notre passion. Le vrai
respect du gibier, c’est de s’en souvenir toute sa vie, l’honorer de sa
mémoire.
Et je suis totalement en désaccord de ce
qu’affirme le président Schraen devant les médias, je ne trouve pas de plaisir dans ma
passion par le fait de tuer un animal mais par ce qui l’entoure. Et nous ne
devons pas en avoir. Nous ne tuons pas par plaisir... Le plaisir est aussi dans
la valorisation intégrale de l’animal. Trophée, et venaison ! Quitte à
passer pour viandard, j’aime le gibier et le cuisiner. Je ne supporte plus ces
chasseurs qui ne veulent que tirer et tuer. Si vous êtes blasés par le gibier
par l’abondance et le remplissage de vos congélos et ne voulez donc plus
l’assumer, laissez-le en vie ! La chasse ce n’est pas que le tir et la
tuerie. Sinon autant se mettre au ball-trap car ce qui motive la grande
majorité des chasseurs, c’est le tir d’une cible vivante car ils pourraient
avoir munitions à volonté au ball-trap que ça ne les intéresserait pas et
raccrocheraient le fusil au râtelier définitivement. Et le trophée, il faudrait
en finir avec le tir des brocards en velours, c’est une bêtise incommensurable,
car combien de fois, autour du brocard étendu par terre à la cabane, nous nous
dîmes : « Hô les jolis bois, les beaux velours, le beau trophée, Il
aurait été beau celui la ……. » alors que tout connement, il finit dans le
feu ou le trou à tripaille…Mon Dieu que nous sommes cons et que nous donnons
une sale image à nos détracteurs.
La chasse doit évoluer tant dans son
éthique que dans sa pratique traditionnelle. Sinon nous finirons gibier des
écolos…… éliminés sans respect
Fin de l’histoire !
Sébastien Thirion