Quatre flèches pour un brocard !
C’est ma 5ème sortie de chasse cet été, en ce 15
juillet, et mon second affût sur cet arbre. J’y ai posé le treestand il y a 2
semaines, et y ai fait le premier affût la semaine dernière. J’y ai aperçu un
brocard, à 35 mètres environ, qui est toujours resté à l’abri, et dans la
fraicheur toute relative de l’ombre d’une sapinière.
Il est 20h10, cela fait deux heures environ que je suis là, et
des sortes de grognements, très brefs et espacés, répétés depuis une quinzaine
de minutes, me tiennent attentif. Je sais qu’il y a un agrainage, tenu par un
chasseur de l’ACCA, à environ 150 mètres, et, même s’il n’est pas entretenu en
été, il est parfois fréquenté par les sangliers et je m’attends donc à en voir
arriver un d’une minute à l’autre.
Ne possédant pas de bracelet d’été pour le sanglier, je ne
fais que scruter l’ombre de la forêt aux jumelles, l’arc posé sur son support,
sur la plateforme du treestand. Aussi, quelle n’est pas ma surprise en voyant
débarquer un petit brocard à 25 mètres environ, tranquille, marquant de longues
pauses pour se remplir la panse de jeunes ronces, et grommelant de temps en
temps, comme un petit sanglier.
L’emplacement de mon treestand est bien camouflé par la
végétation, mais le revers de la médaille est que les fenêtres de tir en sont
réduites d’autant. Enfin, le chevreuil s’arrête à 10 ou 11 mètres de moi, plein
travers, et une petite trouée me laisse voir son profil.
La flèche part, et je vois à l’impact qu’elle est trop en
arrière : flèche de panse, probablement. En revanche, aucune réaction de
l’animal, il fait 2 mètres, s’arrête, me laisse le temps de lever les
jumelles -j’arrive à voir la fente de
l’entrée de flèche sur son flanc- puis se couche !
Malédiction ! Avec une atteinte de ce type, si je reste
ici à attendre qu’il meure (pour ne pas risquer de l’effrayer en descendant de
mon perchoir), je vais y passer la nuit. Il faut absolument que je tente une
deuxième flèche. Mais il est tellement bien camouflé que même sur la pointe des
pieds, j’ai du mal à le voir. Lorsque je suis en position de tir, il est
complètement masqué par la végétation. Je dois donc me concentrer non pas sur
son thorax invisible, mais uniquement sur cette feuille d’arbre qui me le
masque parfaitement. Ma 2ème flèche, déviée en vol par une
branchette, se plante à une bonne trentaine de centimètres à côté de lui.
J’encoche la 3ème flèche, et me concentre à nouveau sur cette
maudite feuille. Cette fois, elle atteint son but, le chevreuil se relève
brusquement. Mais, toujours masqué par la végétation, impossible de dire où
cette dernière l’a touché. Et là, surprise, il fait quelques mètres en revenant
sur ses pas, et se couche à nouveau, mais en me laissant une fenêtre de tir
bien plus dégagée, cette fois. La 4ème et dernière flèche de mon
Catquiver l’atteint aux poumons et se fiche au sol sans le traverser, le
clouant sur place. J’entends ses derniers souffles.
10 minutes sont passées entre la 1ère et la
dernière flèche. Je suppose qu’au compound, bien plus précis, la 1ère
flèche aurait sans doute été la bonne… Je me console en me disant que mon
recurve doit être très silencieux, et je songe aussi au fait que la semaine
dernière, j’utilisais le carquois d’arc, sur lequel je ne mets que 3 flèches,
et que ce n’est qu’hier que j’ai échangé avec le Catquiver…
Il y a quelques jours, le chasseur qui s’occupe du point
d’agrainage m’a envoyé des clichés pris par le piège photographique qu’il
laisse sur place. On y reconnait bien "mon" brocard qui venait y
roder à toute heure du jour ou de la nuit.
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Arc recurve Black Widow PSRX de 62 livres.
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Flèches de 710 grains.
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Lames à 2 tranchants, modèle Manuwata, 160 grains.
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Brocard de 21kg plein.