Premier Sanglier à l'arc, la fin d'une malédiction avec ma bête noire
Samedi 22 Septembre, je monte à Laviron pour faire mon tour à la
chasse. Il fait beau, je suis de très bonne humeur car en plus de
bénéficier de ce joli droit de chasse, j'ai commencé, cette même
semaine, l'activité professionnelle qui faisait l'objet de ma convoitise
la plus idéale...
Bref, il fait beau, je suis comblé de joie
et tous les voyants sont au vert (je devrais plutôt dire au camo
PREDATOR!). Pour la première fois de la saison mon fiston restera au
lit. Le bien surnommé marcassin a lui aussi droit à un jour de répit.
Je
passe comme à mon habitude boire le café chez ma maternelle (qui malgré
ses 85 printemps et des sens de la vue et de l'ouïe plutôt défaillants)
est prête à 8 heures pétantes pour jardiner et occuper cette belle
journée autour de la demeure familiale qu'elle entretient avec cœur.
Je
traîne un peu mon vague à l'âme une demi heure à discuter avec elle,
les chasseurs du village ne sont pas, il est vrai d'ordinaire, des
acharnés du rond précoce le matin, mais ce matin là...
C'était sans compter sur la mauvaise idée qu'un
vil sanglier solitaire assez foncé de pelage avait eu d'aller narguer
deux agriculteurs au levé du jour en jouant de son boutoir dans leurs
champs respectifs, aux vues de tous et surtout de deux paysans (Miens
parentés!) qui se sont empressés de demander à mes confrères de
Saint HUBERT pour lui régler son compte.
Bien
entendu quand j'arrive à notre rendez-vous de chasse c'est
l’effervescence... D'autant que la bête noire a choisi de traîner là où
les faisans ont été lâchées pour les chasseurs aux chiens d'arrêt. Je
n'ai pas le temps de boire le traditionnel jus du matin, je signe la
feuille sous la pression du chef de battue et je choisis (ce qui est un
luxe suprême quand on est archer!) d'aller me placer dans un secteur
connu pour être une zone de fuite du grand gibier chassé dans ce secteur
marécageux nommé l'ODOSOU.
Je vais me poster à
pied depuis le rendez-vous de chasse, mon poste est situé à 20 m d'un
chemin qui fait un virage 400 m en dessous de notre lieu de départ de
chasse.
Je m'équipe: ajustement de la tenue
CAMOLEON, serrage correct du bracelet du décocheur, allumage du point
rouge, vérification de la flèche puis je finis de me placer dans un
secteur assez clair bordant des taillis et épais rejets de drageons de
frênes qui abondent au dessus du marais de l'ODOSOU.
Les
heures passent, quand à passé 11 heures des aboiements de chiens
faisant ferme me tirent de ma léthargie. Souvent, je suis l'heureuse
victime de moments d'évasions ou je laisse divaguer mes pensées... mais
là ça ne rigole plus, de plus les chiens semblent avoir levé l'animal
qui semble chercher le vent pour décamper... Il a bien senti que le bois
est enceint de gens qui ne lui veulent pas que de bonnes intentions.
Il
est environ 11 heures et quart, j'entends craquer en dessous de moi...
Je crains un moment que la maligne bête ne choisisse de passer les
postes en revue pour sortir nez au vent là ou personne ne sera
posté...(Eh,... c'est la stratégie payante pour sa vie après tout!)
D'un
seul coup les bruits se rapprochent et je distingue une ombre foncée
monter à 40 m de moi pour sortir de l'enceinte le vent dans le dos là ou
personne n'est placé... Miraculeusement les petits chiens de Mimi et
Jean redoublent de voix et le sanglier semble vouloir leur jouer un
dernier pied de nez dans la traque. Il remonte alors droit sur moi en
bondissant dans les ronces. Nez au vent, il vient pour s'arrêter à
environ 8 m de mon poste. Animal seul imposant, il ne peut que s'agir du
mâle vu par mes cousins agriculteurs, je sais que j'ai le droit de le
tirer sans soucis. Il est arrêté de face, mais je suis déjà armé et
concentré sur son anatomie, il semble écouter les chiens puis décide de
tourner sa physionomie d'un petit quart de tour me laissant profiter de
la vision idyllique de sa cage thoracique...
A ce
moment là les choses partent très vite... En fait, c'est surtout ma
flèche (poussée par les 68 livres de puissance de mon arc) qui part très
vite du repose flèche pour arriver à 234 pieds/secondes (soit environ
280 kilomètres/heures) dans son corps. le craquement net m'indique que
de la côte a été coupée au passage. Furieux le sanglier tourne sur lui
même pour retirer ce corps étranger qui dépasse un peu de son buste. Je
prends une deuxième flèche mais je n'aurai pas le temps d'armer mon arc
une deuxième fois. Les chiens se rapprochent, le sanglier qui laisse son
sang gicler sur la végétation sur 1 m de haut tente dans une dernière
ruade d'échapper à nos précieux et fidèles auxiliaires à quatre pattes.
Il fait 15 m puis se couche dans un petit épais 7 m en dessous de mon
poste. Les chiens sont imperturbables dans leur quête. J'essaye de les
arrêter pour limiter le risque de le faire relever, mais il y a trop de
chiens, trop d'odeur, trop d'enthousiasme,... Si bien que débordé par
les chiens ceux ci marquent le ferme à l'endroit ou le sanglier s'est
arrêté. Par prudence, j'appelle Gillou, chasseur posté non loin de moi
avec son fusil pour qu'il vienne abréger les souffrances de ce sanglier
au ferme. il le servira d'une balle en pleine tête à bout portant. Le
coin du ferme étant particulièrement sale (Il m'aurait été difficile de
tirer une flèche sûre dans des baliveaux), l'animal ayant une flèche
dotée d'une lame tranchante comme un rasoir (représente un risque pour
les chiens au ferme), je préfère que les choses soient terminées au
plus vite. Pour le sanglier, pour les chiens et pour nous autres aussi.
Ainsi,
la matinée se termina. je reçu les chaleureuses et sincères
félicitations de mes collègues et amis chasseurs "à feu". Une fois de
plus, ils eurent l'occasion d'apprécier la redoutable efficacité de
notre arme y compris en battue sur un ragot de 56 kilos.
La
flèche équipée d'une tri-lame EXODUS 125 grains entre derrière l'épaule
gauche du sanglier coupe 3 côtes, puis traverse un poumon en coupant de
grosses artères, un lobe du foie pour se ficher dans le fémur du gigot
droit en laissant sur son passage un trou qui n'a rien à envier à celui
d'une Brenneke.
Je remercie encore une fois l'ensemble des membres de l'ACCA de LAVIRON pour leur amical enthousiasme à cet événement.
Non
seulement ce sanglier (qui était alors ma "bête noire" durant près de
vingt ans!) est mon premier à l'arc, mais c'est aussi le premier qui fut
tué à l'arc sur cette commune. La fin de matinée et le début d'après
midi fut un bon moment de partage et de convivialité comme seule la
chasse sait en procurer.
En St HUBERT et St SEBASTIEN.
Pour Titouan (malheureux) absent, cette fois ci! Mais ce n'est que partie remise...