Disparu pendant 60 ans, le loup a fait son
retour en France au début des années 1990, au grand désarroi des
éleveurs. Les associations favorables à sa présence dénoncent le manque
de protection mise en place.
Le loup n'a rien
perdu de sa réputation. Prédateur sauvage, c'est la terreur de nombreux
éleveurs notamment dans les Alpes où il sévit depuis plusieurs dizaines
d'années en s'attaquant au bétail.
Le jeudi 27 novembre, ils viennent manifester à Paris
avec leurs moutons pour crier leur ras-le-bol au gouvernement. Ils ont
organisé une grande transhumance depuis la Haute-Loire jusqu'à Paris
avec leurs centaines de bêtes où ils sont attendus par le ministre de
l'Agriculture Stéphane Le Foll. "On est contre le loup à partir du
moment où il s'attaque à notre élevage", explique Claude Font, président
de la section régionale ovine d'Auvergne à l'AFP. "Les chiffres sont
là, on est pratiquement à 8 000 victimes et 29 départements touchés par
cette prédation."
Le retour du loup est attesté depuis 1992 en France.
"Auparavant,
il avait été éradiqué dans le pays entre 1890 et 1930", explique
Sylvain Macchi, responsable zootechnique du parc des Loups du Gévaudan.
Ils ont traversé les Alpes depuis l'Italie où l'espèce est protégée
depuis 1976 et en constante augmentation. En France aussi, l'animal
commence à se multiplier à raison de 11 à 15% par an. Aujourd'hui, on
compte environ 300 loups dans l'Hexagone.
Depuis sa réapparition, il se heurte aux éleveurs de
moutons qui comptent ainsi de nombreuses attaques dans leur bétail
chaque année. Les chiffres officiels parlent de 4 800 victimes de
janvier à août, dont une majorité de brebis. Et les statistiques
augmentent sensiblement par rapport à l'année dernière : 1 000 attaques
de plus.
Plusieurs rapports parlementaires ont été commandés
pour trouver une solution. Le dernier en date, daté de 2003, conclut à
"une impossible cohabitation entre la présence du loup et le
pastoralisme durable". Chaque mois, de nouvelles victimes apparaissent
et les éleveurs subissent ainsi de lourdes pertes financières.
"Travailler quotidiennement sans relâche pour voir son cheptel décimé,
ce n'est pas une vie", explique au Monde Yves Derbez, président de
l'association Eleveurs et montagnes. "Certains éleveurs commencent à
jeter l'éponge tandis que des jeunes ne veulent plus reprendre les
exploitations."
Pourtant, le loup n'est pas une exception française
et en Italie, en Espagne ou au Portugal, ils se comptent par milliers
sans que les éleveurs locaux ne s'en inquiètent. "Dans ces pays, le loup
n'a jamais été éradiqué", explique Sylvain Macchi. "Il y a toujours eu
des super-prédateurs donc les troupeaux étaient constamment protégés. En
France, on avait arrêté cette protection."
Et des méthodes existent pour limiter les attaques.
Il faut une présence humaine constante, des chiens de garde et un
rassemblement nocturne des troupeaux. Selon l'office national de la
chasse et de la faune sauvage (Oncfs), "la méthode s’est avérée efficace
puisqu’elle permet de diminuer le risque d’attaque de 70% par rapport à
un troupeau non protégé."
"Le problème, c'est que cela a un coût et l'élevage
en montagne n'est pas rentable", souligne Sylvain Macchi. Pour les
associations, c'est donc à l'Etat d'aider les éleveurs à se protéger.
"Concernant les pertes, ils sont indemnisés puisque le loup est une
espèce protégée."
Pour le moment, avantage aux éleveurs. La ministre de
l'Ecologie Ségolène Royal s'est montrée favorable à la chasse aux
loups. "Les dommages aux troupeaux restent trop importants. La détresse
des éleveurs et de leurs familles doit être prise plus fortement en
considération", expliquait-elle en juin dernier.
Les associations se sont émues de cette décision. "La
population de loups est certes actuellement dans une dynamique plutôt
positive au niveau national et ce retour naturel est une chance
formidable pour nos écosystèmes. Mais la conservation de l'espèce n'est
pas encore assurée en France." Stéphane Le Foll aura la lourde tâche de
concilier les deux positions.
Les moutons de la FNO à Paris pour manifester contre le loup |
y a pas de problème avec le loup, y a des problèmes avec ceux qui veulent du loup.
RépondreSupprimerVa garder les moutons (que tu n'as pas) et reviens nous énoncer clairement après cela quels sont les problèmes (que tu n'as pas) avec les loups!
Supprimer