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mercredi 27 janvier 2016

Un brocard en velours pour Momo

Il est 10h35, ce dimanche 24 janvier, je viens de quitter la voiture sur le parking de chasse (comment ça, je ne suis pas matinal ?!!!).


Je suis un chemin qui descend légèrement, la neige qui a fondu laisse un terrain bien détrempé et très silencieux, quelques tâches de neige incontournables mises à part...
Tout en marchant lentement, je pense à ce que j'ai dit à mon épouse Patricia, il n'y a pas 10 minutes : nous avions prévu de nous faire un resto chinois avec nos 2 filles pour ce midi, et, juste avant de partir, je plaisantais :
"Si je fais un chevreuil ou un doublé de sangliers, j'aurai du mal à être rentré pour le resto..." Patricia avait haussé les épaules, avec un mélange de moquerie et d'incrédulité...

Cela fait plusieurs fois, ces derniers jours, que j'ai vu des chevreuils passer sur une coulée parallèle à ce chemin, ils se débinent discrètement lorsque les chiens leur font la misère dans la combe, en contrebas. Encore hier, une occasion avait failli se concrétiser pour moi un peu plus bas... Et il y a 3 semaines, j'avais armé sur une bande de 8 sangliers, qui, malheureusement pour moi, n'avaient pas jugé utile, sur le moment, de faire chuter leur vitesse moyenne de fuite et de ralentir... 

Dans mes pensées et mes lents déplacements, j'ai fait environ 200 mètres depuis la voiture lorsque j'entends un bruit caractéristique de végétation déplacée, mélangé avec le bruit tout aussi caractéristique du tapis feuillu encore enneigé ou givré qu'on piétine.
Mes problèmes d'audition m'empêchant quasiment systématiquement d'identifier la direction d'origine d'un bruit, je tourne la tête un peu dans tous les sens, et j'encoche une flèche.

Au bout de quelques courts instants, les petits buissons de hêtres, encore feuillés, devant moi, bougent de façon singulière...
Un petit brocard arrive lentement, il vient visiblement de faire une sacrée grimpette pour se débarrasser du danger des chiens, pourtant lointains, qui aboient toujours, mais loin, en-dessous de nous.
Il ne m'a pas encore remarqué, je le vois haleter et ses flancs vont et viennent frénétiquement au rythme infernal des 2 petits poumons qui tournent à plein régime.

Flèche encochée, crochet du décocheur dans le loop, mais impossible d'exécuter le mouvement d'armement de l'arc ! Il est à 10 ou 11 mètres, dans ces buissons, au pied d'une énorme souche, et moi, debout, au beau milieu de ce chemin qu'il connaît certainement par cœur.
Inévitablement, son regard passe dans ma direction, il se fige, mais ne fait pas toutes la série de mimiques et petites ruses habituelles... J'aime à croire que mon camouflage intégral Predator y est pour quelque chose... 

Il faut dire que cette tenue en laine polaire, aussi chaude que silencieuse lors des mouvements, même à très courte distance, est particulièrement adaptée au biotope actuel. Les zones blanches du motif "Brown Deception" défragmentent les contours de la silhouette et se marient à merveille avec les nombreuses petites tâches de neige qui parsèment le sol autour de moi.
Le chevreuil a bien capté quelque chose d'inhabituel, mais ne m'a pas identifié...

Je reste immobile pendant 5 minutes interminables, l'arc à bout de bras, en essayant de me calmer, de ne pas respirer trop fort pour ne pas faire de buée, mes yeux pleurent et je suis obligé de cligner de temps à autre, je fixe le petit indicateur de vent accroché à mon arc.
Le vent est faible, mais pas très constant.
A un moment, je me dis : "C'est foutu !" L'indicateur pointe pendant une ou deux longues secondes droit dans la direction de l'animal... Non, il ne bronche pas. Toujours attentif, mais immobile...

Un aboiement lointain, mais un peu plus fort que les autres oblige soudainement le chevreuil à tourner la tête derrière lui, j'en profite évidemment pour armer.
Il n'a pas le temps de s'intéresser à nouveau à cette forme bizarre au milieu de ce chemin qu'il a dû si souvent traverser, que la flèche le percute.

J'entends le bruit caractéristique du choc du projectile dans la cage thoracique. L'animal détale en prenant le chemin par où il était arrivé. Il descend le talus et disparait de ma vue presque instantanément, mais il me semble entendre le bruit de sa fuite pendant plusieurs secondes...
J'ai l'impression d'une atteinte un peu trop haute et il m'a semblé voir l'orange de mon encoche se déplacer avec le chevreuil. Serait-elle restée dans l'animal ?

La conjonction de ces différents indices me pousse à ne tenter aucune recherche par moi-même, je reste sur le chemin et j'appelle Jean-Noël Boillon, conducteur de chien de sang qui habite tout près.
En attendant son arrivée, je passe un coup de fil à Patricia, et lui explique que le plan "resto chinois" a du plomb dans l'aile... 

Moins de 45 minutes plus tard, Jean-Noël arrive, et Eric, un chasseur de Mandeure prévenu et venu m'apporter un bracelet, nous accompagne.
Je leur montre la position que j'occupais lors du tir (que j'avais marquée avec un morceau de ruban spécial piste au sang acheté à notre belle association) et leur indique l'anschuss. Nous retrouvons immédiatement la flèche, couverte de sang et de débris stomacal sur toute sa longueur. Le petit chien part directement en direction d'un bouquet de houx placé un peu plus bas, si vite que Jean-Noël est obligé de le ralentir un peu. Une fois dans le houx, Jean-No voudrait bien le récupérer et contourner les feuilles piquantes, mais le chien fait de la résistance... Eric s'écrie :"Il est là, le chien est déjà dessus !" En effet, le chevreuil n'a pas parcouru plus de 20 mètres après l'atteinte, je n'en reviens pas, moi qui croyais l'avoir entendu dévaler tout le talus...

La flèche est rentrée au-dessus de l'épaule gauche pour sortir près de l'anus. La pointe trilame QAD Exodus a fait un sacré boulot : poumons, panse, intestins sont complètement atomisés dans une soupe nauséabonde et encore chaude lors de "l'autopsie" de l'animal. Une côte a été tranchée nette. En revanche, le cœur, le foie et les reins sont parfaitement intacts. 

Ce petit brocard en velours accusait 18kg plein au peson de l'ACCA.
Les 3 petites lames de ma pointe seront brièvement passées au Lansky pour récupérer tout leur mordant, et pourront reprendre du service sans autre forme de procès...

Finalement, nous irons au resto chinois une autre fois... 

Sylvain Mollier



6 commentaires:

  1. beau récit et prélèvement, félicitations ;)

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  2. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  3. Une gigue de chevreuil laquée ou en fondue chinoise devrait te faire pardonner auprès de ton épouse et tes deux filles de ton indélicatesse ! Le sushi pour toi, c'est qu'elles nems pas !
    J'ai pris beaucoup de plaisir à te lire...félicitations pour ce jeune velours.

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  4. Waidmann's Heil Momo!!!
    SAM

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  5. Comme dans du velours !
    Félicitations Momo

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