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lundi 28 mars 2016

Pourquoi l’Agence française de la biodiversité ne pourra pas remplir sa mission

Source : sciencesetavenir.fr 

Créée par la loi biodiversité, la nouvelle agence voit ses crédits et effectifs en baisse continue tandis que la concurrence avec les chasseurs affaiblit ses capacités en matière de recherche et de police de l’environnement.

La "police" de la biodiversité chargée de sanctionner les délits de chasse est mal organisée et dotée de peu de moyens, malgré la nouvelle loi. ©AUSLOOS/SIPALa "police" de la biodiversité chargée de sanctionner les délits de chasse est mal organisée et dotée de peu de moyens, malgré la nouvelle loi. ©AUSLOOS/SIPA

SUPPRESSION. Selon le ministère de l’Environnement, l’Agence française de la biodiversité (AFB), dont la création a été actée par l’Assemblée nationale le 18 mars 2016, "aura pour mission d’œuvrer en faveur d’une meilleure préservation des espaces naturels, de leur faune et de leur flore, et d’une action plus concertée des services de l’État". Le moins qu’on puisse dire est que l’État ne prend absolument pas les moyens de remplir cette mission. "Cette agence, c’est un cache-misère", tranche ainsi Jean-Luc Ciulkiewicz, secrétaire général du Syndicat national de l’environnement. Le nouvel organisme regroupe les personnels de l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques (Onema), des aires marines protégées, des parcs nationaux ainsi que d’un organisme spécialisé de formation, l’Aten. En tout, l’agence pèse 1.080 emplois à temps plein. "Or, au moment où le Parlement décide de la création de l’agence, le budget national 2016 supprime 76 emplois dans les organismes qui vont la composer", révèle Jean-Luc Ciulkiewicz. C’est l’Onema qui pâtit le plus des restrictions budgétaires, l’organisme, avec ses 800 fonctionnaires, constituant l’essentiel des troupes de la nouvelle agence.
Chargée notamment de la police de l’eau, l’Onema a les plus grandes peines à remplir ses missions de police. "En moyenne, l’Onema ne compte plus que quatre agents par département et dans certains, l’office n’est même plus présent", dénonce Françis Combrouze, secrétaire national de la fédération équipement-environnement de la CGT. Il y a pourtant du boulot. En 2014, 65.405 infractions à l’environnement et à la santé publique ont été constatées sur le territoire national. L’Onema a enregistré 3.717 délits, soit 5,7 % du total. L’AFB n’aura pas un meilleur résultat dans cette mission essentielle allouée par les pouvoirs publics "d’une meilleure préservation des espaces naturels". Pas à une contradiction près, l’État a cependant aggravé les peines encourues par les auteurs d’atteintes à l’environnement, certains délits voyant les amendes multipliées par dix. Encore faut-il avoir les moyens de faire respecter la loi !

Chasse et écologie irréconciliables

INCOMPATIBLES. D’autant que l’État a échoué à créer un organisme véritablement fédérateur. L’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) n’intégrera pas l’AFB. Trop d’incompatibilités. L’ONCFS s’en est expliqué devant la presse le 16 mars. "Nos missions sont les mêmes que l’AFB, mais la logique aurait voulu que tout soit fédéré autour de l’ONCFS qui est l’organisme avec le plus de moyens et de personnels", assure Jean-Pierre Poly, directeur général de l’ONCFS, qui sait bien qu’une telle démarche est vouée à l’échec. L’ONCFS a un budget abondé à 70 % par les permis de chasse. C’est un outil au service des chasseurs. Les positions sont donc inconciliables avec les associations environnementales partisanes de l’AFB dès qu’on parle de la fixation des dates d’ouverture de chasse, de l’instauration d’un jour sans chasse par semaine ou de l’interdiction de certaines pratiques cynégétiques. "Ce que les associations veulent, c’est une sanctuarisation de la nature", dénonce Jean-Pierre Poly. "Les chasseurs n’ont que les mots 'usage de la nature' à la bouche pour leurs propres intérêts", contre Geneviève Gaillard, députée PS, rapporteuse de la loi Biodiversité. La nomination à la tête de l’AFB de Christophe Aubel, ancien directeur de la ligue Rassemblement des opposants à la chasse (Ligue ROC) n’a évidemment pas arrangé les choses. "Mais nous aurions proposé n’importe quel autre nom, ça aurait toujours été non", tranche Bernard Chevasus-au-Louis, président de Humanité et biodiversité qui a succédé à la ligue ROC.

Désunis à Paris, alliés en régions

PÉTAUDIERE. Cet affrontement idéologique entrave les actions de préservation de la nature qui mériteraient une union sacrée. L’ONCFS ne va en effet pas mieux que l’Onema. "En cinq ans, nos effectifs sont passés de 1.781 agents à 1.500, avoue Jean-Pierre Poly. Les exigences montent alors que nous avons moins de moyens…" Ce qui se traduit dans les chiffres. Avec 16.000 infractions constatées, les gardes-chasses couvrent un quart seulement des délits liés à l’environnement. De plus en plus pauvres, l'AFB et l'ONCFS sont donc obligés de s’allier dans les départements alors que les têtes sont irréconciliables à Paris. "Avec 12 agents en moyenne par département, l’ONCFS ne peut pas faire autrement que de s’allier aux gardes de l’Onema", note Françis Combrouze. Cette pétaudière n’incite en tout cas pas les conseils régionaux à épauler les services de l’État. Si la loi Biodiversité leur laisse la possibilité de créer une AFB régionale, les régions ont tout pour se méfier d’un partenaire étatique qui verse une obole de 170 millions d’euros à la biodiversité quand les régions en versent 850 millions. Malgré tout, la protection de la nature est bien une affaire de l’État. Mais elle dépend essentiellement de la gendarmerie. C’est elle en effet qui assure le constat de 70 % des infractions à la nature.

1 commentaire:

  1. Le père speak-ass29 mars 2016 à 23:41

    Le texte de loi est à peine sortis que déjà les élucubrateurs de gauche et leurs alliés faussement verts (Sous pression de leur composante zoolâtre!) commencent à tirer une balle dans le pied de LEUR gouvernement...
    Avec la nomination d'un président issu des rangs du ROC, il ne fallait pas s'attendre à des encouragements du monde cynégétique. Ils veulent comme toujours faire à leur idée... mais avec le pognons des autres! Si ils veulent donner l'exemple, les pseudos protecteurs auto-proclamés n'ont qu'à mettre la main eux même à la poche (Au minima, tous les ans, à la hauteur des cotisations des chasseurs) et sans subventions et ensuite on en reparlera.

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