Juillet 2018
vers Toulon, Var, 83.
Je profite
d'une soirée humide pour ne pas aller chasser et te donner des news. Navré pour
les photos plutôt merdiques mais je ne suis toujours pas passé au téléphone
portable... En plus j'ai oublié le chargeur et du coup, y va falloir que je trouve
un truc pour la suite ...
Premier
sanglier mercredi 11.
Gros passage
de sangliers sur une coulée de type "autoroute". Plusieurs compagnies
de mères suitées me passent sous le tree-stand. A la troisième, à 21h15, un
jeune mâle accompagne la laie et ses 5 petits. Il ferme la marche. Je fais un
bruit de souris pour stopper tout le monde. Il est plein travers et c'est
l'occasion d'essayer mon arc de rechange que je n'ai encore jamais emporté à la
chasse. La flèche traverse le coffre et le sanglier disparait au triple-galop.
Tout le monde a pris la poudre d'escampette, le silence est revenu. 30 minutes
plus tard, il faut que j'y aille car ma femme doit m'attendre à la cabane de
chasse avec ma fille pour enfin aller manger. Pas le temps d'aller chercher la
chienne pour la faire travailler... Quand on part avec la famille, c'est le
prix à payer!
Je retrouve
la jeune bête noire à 30m. La flèche a pris les deux poumons. C'est mon second
jour de chasse du séjour.
Au quatrième
jour de chasse, je suis installé dans un chêne que j'adore. Il est parfaitement
placé et surtout, à l'aide d'un filet, j'ai confectionné une sorte de fauteuil
suspendu tellement confortable. Je peux y rester des heures à lire en attendant
l'heure de sortie des animaux. Ce soir, rien ne bouge avant 21h30. J'ai le
temps de lire 50 pages... C'est exceptionnel. Est-ce dû aux 5 loups qui ont été
aperçus la veille à deux pas de là? Finalement, une jeune mère de moins de 40kg
me passe devant avec son seul marcassin et fouille le sol en quête de
nourriture. Peu après, elle pousse un grognement et je me dis qu'elle m'a senti
mais ce n'est pas le grognement typique qui exprime le "Tout le monde à
couvert, un humain est dans le secteur!"
Je tourne la
tête et aperçois l'objet de sa frayeur: un monstre gris vient d'apparaitre à
l'autre bout de cette petite clairière devant une carrière de marbre. Il
observe la laie durant une minute puis fonce vers elle et son petit qu'il
chasse sans agressivité pour s'approprier le site. J'ai armé mon arc et me
prépare à flécher cette magnifique bête quand soudain, la femelle pousse le
grognement d'alarme aux humains. Un souffle de vent a dû tourner brièvement et
l'alerter. Le petit n'a pas bougé. Je ne vois plus la femelle et le gros
s'éloigne un peu, attend quelques secondes et revient disputer le marcassin. Je
me dis que celui-ci a vraiment envie de trépasser ce soir. Je saisis ma chance
et lui loge une flèche au défaut du coude, en pleine armure. Il part avec
l'antenne surmontée de l'encoche lumineuse. La flèche s'est peu enfoncée dans
l'animal mais je n'ai pas le temps de m'en inquiéter. Dès le départ, sa course
est chaotique. Il zigzague et ne tarde pas à tomber à 25m de moi, dans les
grandes herbes. Il se débat brièvement, pousse un dernier souffle rauque et
succombe.
J'attends 5
minutes histoire d'être certain qu'il ne joue pas la comédie. Je descends et
m'approche sans le voir car depuis le sol, les herbes le cachent. Là j'ai un
doute. Et s'il était juste couché en train de se reprendre ? Moi qui arrive
avec mon arc tenu par la corde dans une main et l'appareil photo dans l'autre,
je fais un beau couillon... J'aperçois la rivière de sang qui disparait
derrière un bosquet d'herbes sèches et je reprends confiance. Je ne me ferai
pas charger ce soir!
Quand je le
vois couché avec ses défenses, je réalise que cette bête est vraiment
conséquente. Deux photos plus tard, il est temps de déposer Monsieur à la
chambre froide car il fait encore très chaud ce soir et j'ai hâte de le peser.
J'ai oublié de mettre mon panier à l'arrière de mon quad alors je dois
retourner le chercher à la cabane. 10 minutes plus tard, je reviens avec la
chienne, histoire de la faire participer à la fête. Il faut maintenant monter
l'animal sur mon panier pique-nique que j'ai soudé moi-même en prévision de
sangliers de 40 kg maximum.... J'y arrive finalement sans me déboiter le dos.
Je démarre et me retrouve en "wheeling" sans direction... ce n'est pas gagné. Je
dois m'installer sur le réservoir du quad histoire d'avancer sensiblement de
centre de gravité. A la vitesse du pas, j'effectue les trois kilomètres pour
rentrer en vérifiant que mon trophée ne m'échappe pas maintenant. Il pèse 105
kg qu'il me faut maintenant vider selon les règles de l'art. Après analyse de
la blessure d'entrée qui ne portait pas de trace de sang, j'ai constaté que ma
lame s'était arrêtée à l'endroit où la cage thoracique se rétrécit au niveau de
la gorge. Elle a coupé la trachée et une ou plusieurs artères. De ce fait, tout
le sang s'est écoulé dans les poumons et par la bouche. La rivière de sang
était donc expulsée par la gueule lors de sa brève course. Il a mis moins de 5
secondes à mourir, noyé dans son propre sang.
Il me faut
maintenant le trainer jusqu'à la chambre froide où je ne parviendrais pas à le
crocher. Quand je termine le travail de nettoyage, il est minuit passé. Heureusement,
ma famille qui m'accompagnait pour la première semaine de vacances est rentrée
en train le matin même et je peux désormais vivre au rythme de la chasse. Je ne
mange pas et vais directement retrouver ma tente et mon matelas pour une nuit
de repos bien méritée. C'est le plus gros sanglier fléché cette année sur la
chasse et je suis plutôt heureux de constater que les vacances commencent bien!
Stéphan Läng
Félicitations !
RépondreSupprimerFélicitations 🎊 pour se prélèvement et formidable récit .... Merci de nous faire rêver 😉🤩😍
RépondreSupprimerWAIDMANN'S HEIL!!!
RépondreSupprimerComme dirait Chris:
"Mais, ils sont foooorts ces Franc-Comtois!!!!!!!!!"
SAM
Quel plaisir à lire… Félicitations
RépondreSupprimerFélicitations !! 😊
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