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lundi 2 décembre 2019

Première saison de chasse et premier gibier à l'arc pour David



Première saison, premier gibier.


Novice dans le monde de la chasse, je me permets de profiter de loccasion pour partager avec vous mes premiers pas et mes premières impressions.
Jai passé mon permis de chasser en mars dernier. Passionné par le tir à larc et sa pratique dans le cadre de concours de tir 3D, lépreuve pratique avec une arme à feu nétait donc pour moi que le passage obligatoire pour pouvoir utiliser ultérieurement mon arme de prédilection : un arc à poulie TRIAX de chez Mathews.
Jaime à croire que ma démarche est celle dun archer en quête dun style de chasse qui soit larchétype dun mode de consommation à la fois éthique et esthétique, technique et philosophique. Cest du moins ce que je mimagine de manière quelque peu utopique vous en conviendrez😛 
    
Poursuivant ce dessein, jai avec beaucoup de plaisir suivi la formation complémentaire dispensée par nos chers confrères de lACAFC. Les enseignements pratiques et théoriques prodigués sont tout bonnement excellents. Nos séances dentrainement, agrémentées des récits pittoresques de Christian et sa tante Ursule - ou quelque chose comme ça - leurs confèrent une certaine forme de légèreté et de bonhomie très agréable.

Durant nos assemblées, je prends conscience que le tir de chasse est bien plus exigeant que le tir sportif car nécessitant une prise en compte de bien plus de paramètres parmi lesquels : la pénétration, les angles et les conditions de tir, la connaissance anatomique et comportementale de la faune, le camouflage visuel, olfactif et sonore et bien au-delà de toutes ces considérations techniques, le fait quenlever une vie nest pas un acte anodin qui mérite dêtre le plus respectueux qui soit.

À cet effet, je consulte aussi régulièrement les frères Erhart pour les ajustements et le choix de mon matériel. Jaugmente ainsi la puissance de mon arc à 67 lbs, je monte des tubes CX Pile Driver 350 de 28’’ avec des inserts 60 gr et je mentraine à raison de 2 fois par semaine.

Je méquipe également de bilames Hunor Atilla 125 gr que jaffute moi-même à laide dun kit Lansky selon les préconisations du maître du sabre japonais Miyamoto Musashi : « le Samouraï affute sans cesse son sabre mais il ne le sort que pour une bonne raison ». La version franc-comtoise de lACAFC, Miya-MoMo Musashi (Sylvain dit Momo) dira lui : « Affute tes lames jusquà ce que tu puisses te raser avec». Cest chose faite, je propose maintenant mes services au barbier du coin.

Aussi, impatient de pouvoir mettre en œuvre tout ce savoir fraichement acquis, je passe la formation au tir dété et je souscris à lACCA de mon village je suis très bien accueilli avec tout de même le lot normal daprioris que peut susciter un nouveau chasseur à larc nayant jamais chassé avec quoi que ce soit. Afin de ne pas mimposer demblée, je demande si je peux bénéficier dun bracelet que je nutiliserai que pour le renard (désolé Christian, erreur de débutant, jai depuis rallié ta cause) et je passe ainsi la saison estivale à tarabuster le goupil (mais), sans succès.

En septembre, louverture générale me propulse au sein des battues. Notre terrain de chasse est majoritairement boisé et montagneux si bien que la distance raisonnable de tir, aussi bien pour arme à feu quà larc, nexcède généralement pas les 30 m.

Mes coéquipiers mexpliquent tous les usages et me déposent à proximité du poste que jai préalablement tiré au sort en mexpliquant brièvement la position exacte de ce dernier et le sens de la ou des traques.

Nous ne sommes quune douzaine si bien que je nai généralement aucun de mes collègues en visuel.
Concernant le placement à proprement parlé, cest au feeling. Je me réfère aux conseils des sages de lACAFC : japproche de mon poste silencieusement, une fois sur place jappréhende  mon environnement, je recherche déventuelles coulées, je pose mon siège de sorte à me fondre dans le paysage, je teste le sol et le bruit que je provoque en me mouvant, jarme mon arc dans toutes les directions de tir envisageables afin de prendre en compte déventuels obstacles. Enfin, jaccroche mon décocheur au D-Loop, flèche encochée et jattends en mettant tous mes sens en éveil.

Dès les premières sorties, je vois du gibier : un petit sanglier, brocards, chevrettes mais trop loin, trop rapide, on ne tire pas de chevrette avant octobre, jarme trop tard etc. Jai limpression dêtre un enfant qui apprend à marcher. Jhésite, mes pas sont gauches, je trébuche mais je prends indéniablement goût à ces moments privilégiés passés au plus proche de la nature et à cette délicieuse sensation que procure la montée de ladrénaline lorsque le gibier pointe le bout de son nez. Mes coéquipiers quant à eux reviennent rapidement avec quelques brocards et il y 3 semaines deux gros sangliers de 130 et 183 kg. Je ne désespère pas, mes collègues sont bienveillants avec moi et il faut le dire, nombre dentre eux nont encore rien prélevé non plus, même munis dune carabine.

Le dimanche 24 novembre dernier, je me prépare comme à laccoutumée. À 7h je méchauffe avec nonchalance (articulations, élastique, pompes), je vérifie mon matériel avec quelques flèches à 10 m sur un bloc posé au fond du garage, je mhabille chaudement pour affronter les 2°C annoncés ce matin et je fais les 5 minutes de route jusquà la cabane de chasse. Deux parcelles au programme, la première traque à lieu à proximité d’un pâturage fraichement labouré par les sangliers et se solde sans succès.

Nous nous dirigeons vers le deuxième secteur. Je suis escorté par un collègue qui connait les lieux comme sa poche. Je lui demande le numéro de poste afin que je puisse lenregistrer mais il me répond que rien nest défini de ce côté-là. Nous nous arrêtons non loin dun chemin forestier tombé en désuétude. Nous nous avançons sur ce dernier il me fait remarquer des traces de gibier. Nous parcourons environ 150 m, puis il me lance un « Tiens, regarde si tu peux te planquer par-là » avant de poursuivre son chemin un peu plus loin.  
 
Le terrain est en dévers, jemprunte une ancienne trace de débardeur sur quelques dizaines de mètres et japerçois une petite zone défrichée sur ma gauche dont la végétation présente les stigmates de la faune local. Je fais un tour sur moi-même et je remarque sur ma droite cette fois, une petite sapinière dont les premières branches marrivent à peine plus haut que la tête, my faufile et trouve une vieille souche couverte de mousse et - comble de la situation - un petit espace de 50 cm² plat jouxte cette dernière. Je pose mon tabouret à lendroit qui parait être exactement prévu à cet effet, mon carquois et ma corne sur la souche qui semble également nêtre que pour ça. Un épais tapis dépine jonche le sol et me donne limpression dêtre doté des coussins dont profitent les félins. 
 Jencoche ma flèche et jarme mon arc, je constate que jai de bonnes fenêtres de tir devant moi mais quand je regarde à gauche jespère profondément que lanimal se présente de ce côté-là. Je massois pour patienter et apprécier le moment présent. La température est douce en sous-bois, il ny a pas un brin de vent, les sapins me couvrent de leurs épais branchages. Je me sens bien. Doucement le silence sinstalle, au point que tous les sons sont exacerbés. Le temps semble sêtre arrêté lorsque quun craquement vient interrompre ce moment de quiétude.  
A 30 m à ma droite en contrebas je vois un chevreuil se dérober dans la direction que je convoite. Mon cœur semballe tandis je me lève lentement. Jessaye de garder mon calme. À cet instant précis, jai limpression dêtre au ralenti. Jarme mon arc et pour une fois les 67 lbs nen paraissent que la moitié. Je prends acte de tous mes repères : ma main est bien calée derrière ma mâchoire, je sens la froideur de la sucette sur la commissure des lèvres, le nez posé sur la corde je fais coïncider la visette, le viseur et la bulle du niveau est en son centre. Ma main darc est ouverte et détendue. Jattends juste que lanimal sinvite à ce magnifique tableau. 
 Ça y est, elle est arrêtée à 15 m en contrebas dans ma ligne de mire, cest une chevrette. Je ne peux pas viser plein cœur, une petite branche sinterpose entre nous mais son flanc soffre à moi. Je décale le point à quelques cm vers la droite et je nai plus de doute. Je décoche, je sens tous mes muscles se détendre. Le regard figé, jobserve le paradoxe de la flèche qui se dirige inexorablement vers son but. Jentends le craquement des côtes sous limpact tandis que mon arc bascule tranquillement vers lavant en signe de révérence. La chevrette accuse le coup, fait volte-face et dans un dernier effort tente déchapper à son sort. Je tends loreille et commence à compter. Jentends des masses qui sentrechoquent, des branches qui craquent et au bout de 5 secondes, plus rien.  
Le souffle haletant, sous lemprise de trépidations incessantes je tente de retrouver mes esprits. Je lance mon chronographe et me remémore la fuite et les repères précis des endroits de passage. Je vois ma flèche plantée, 5 m plus bas du lieu se trouvait la chevrette.  
Lattente est interminable. Après 30 minutes je me rends sur place et je constate que mon empennage est maculé dun sang rouge vif mais rien au sol. Lidée davoir blessé lanimal me parcourt plein deffroi. Je vais chercher mon ruban de marquage alors quun des traqueurs me rejoint. Nous suivons la piste que jai reconstituée et toujours pas de trace de sang. Plus nous avançons sans indice, plus un sentiment de culpabilité menvahit. Je me reprends et me souviens que lhémorragie peut dans certains cas être interne. Nous continuons selon mes explications sur quelques dizaines de mètres quand japerçois cette belle femelle de 22 kg gisant, sans vie, allongée sur le flanc.  
Je tombe à genoux, remercie mon seigneur et lanimal. La flèche est finalement entrée quelques cm en dessous de la colonne dans le lobe caudal du poumon gauche pour ressortir à peine plus bas en arrière sur le flanc opposé. Au sein du groupe, la nouvelle se propage rapidement que « le jeune a fait une belle chevrette avec son arc ».  
Tous me félicitent et sont agréablement surpris de lefficacité de larme et du parfait état de la viande qui ne comportait comme lésions que deux incisions chirurgicales de part et dautre.
Voilà donc pour mes débuts, Je souhaite juste pouvoir faire mieux la prochaine fois et jen profite à mon tour pour vous témoigner toute ma gratitude et ma reconnaissance, pour vos précieux conseils et votre investissement.
Amicalement.

David Bruey 












Fait le ou ne le fait pas. Nessaye pas.
 

3 commentaires:

  1. Salut David ! Récit très détaillé, et qui prouve que tu n'as pas (trop) dormi pendant les explications :)) Ca fait plaisir !
    Continue sur cette voie.
    Cette photo est un beau symbole, également... Le chasseur à genoux derrière son animal, et baissant tristement les yeux vers sa proie... Tous les sentiments de ces instants sont là.
    En espérant que la joie s'installe juste après, bien sûr !
    Félicitations !!!

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  2. Bravo David pour ce magnifique récit. Tu as l'âme d'un écrivain en plus de celui du vrai chasseur car c'est bien de vraie chasse dont il s'agit ici.

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  3. Tout est là.... Félicitations !

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