"Éternel
premier... éternelle émotion.
Je vais
essayer de prendre le temps et les tournures nécessaires pour vous narrer de
manière honorable et respectueuse (Mais non sans humour) mon récit de chasse
2017, car la réussite demeure l’exquise exception pour qui sait préférer la
qualité, à la quantité.
Qui n'a pas
rêvé de vivre un temps seulement "Un jour sans fin"??? Pas seulement
pour la belle Andie MACDOWELL, mais pour le synopsis basé sur un retour sur un
événement en boucle et la compréhension de l'importance réelle des choses de la
vie et une façon de montrer comment mieux les savourer quand elles se
présentent à soi. En management sportif, on appelle cela l'ancrage. Ho, vous me
direz: cela n'a rien à avoir avec la technique d'archerie... Au premier abord
peut-être, mais on s’aperçoit vite que c'est un repère fixe, confortable, vécu,
reconnu et adopté d'une situation passée... Celui qui conserve un ancrage fixe
confortable et adopté d'une situation passée à plus de chance de rester
constant dans la précision de ses tirs... N'est-il pas???
Revenons à
nos chevreuils et à notre ancrage émotionnel:
Le premier
coup de feu, le premier émoi d'approche/d’affût/de battue, le premier frisson
que l'animal a provoqué chez vous alors et suprême délice le premier animal tué
pour l'avoir chassé (J'entends par là pour avoir analysé le territoire, pour
avoir pensé "animal", pour mieux le prendre à la régulière chez lui
sans artifices: façon duel, mais à la régulière!)
Qui ne rêve
pas de revivre cela, se lasse, et finit par raccrocher l'arc... et le reste...
Je disais
donc, c'est cette première émotion qui nous donne l'énergie de partir à la
chasse pour revivre une énième fois ce moment heureux du premier animal.
C'est
exactement ce qu'il s'est produit pour moi ce mercredi soir du 26 Juillet.
Je profite
d'une journée de travail continue pour me donner un peu de bon temps bien
mérité en fin de journée.
Je suis sur
mon tree-stand à 18h15, les jours précédents ont été pluvieux et cela a permis
à la température ambiante de redescendre un bon coup passant des chaudes
soirées tropicales à une ambiance plus proche d'une veille de rentrée scolaire
en Picardie... Je me dis que cela sera propice à l'activité des brocards qui
auront besoin de refaire les marques de leurs gratis et marquages
territoriaux.
Le rut ayant
commencé depuis une bonne semaine, les brocards seront là... Ce soir
peut-être!!!
Les brocards
justement... Sur ce secteur ils sont trois, trois animaux dont la maturité
permet d'envisager un tir respectable.
*L'un
d'entre eux, le plus vieux, je ne l'aurai vu qu'un soir: Il poursuivait avec de
forts grognements une chevrette de taille respectable qui ne voudra alors
jamais de lui et pour cause il marche sur 3 pattes. Le jumelant, je m'aperçois
qu'il a un souci sur le postérieur droit au niveau du sabot (Accident,
malformation, ancienne balle??? Je ne le saurais jamais!) Il a la tête toute
blanche de vieillesse et deux merrains fortement doté en diamètre mais sans
andouillers et aux bouts quasis ronds en guise de trophées, mais une malice du
diable. Je suis convaincu qu'il vit sur cette lisière en permanence (Son
handicap ne lui permet pas le luxe d'un domaine étendu!) car le jour où je l'ai
vu il suivait cette chevrette visiblement en chaleur, mais il n'est quasiment
pas sortit du bois et, le peu que je le voyais en lisière, il braquait constamment
son regard contre le tree-stand... Je suis intimement convaincu qu'il me regardait
aller et venir au tree-stand les soirs où je suis sorti.
*Le deuxième
était un joli 4, relativement jeune d'après sa posture générale et dont les
bois formaient une jolie lyre. Je l'aurai vu trois fois et il semblait ne pas
encore avoir sa place dans le secteur car la concurrence commençait à montrer
son ardeur pour ce jeunot. (peut-être mon acte de prédation est-il, pour lui,
une opportunité!?)
*Puis, il y
a le troisième, un broc solide dans la force de l'âge, un six, le Rocco de ces
chevrettes, l'impérator! (certainement le fils du premier que je nommai
"le Très âgé Boiteux" en référence au "Messager Boiteux"
qui était un ouvrage apprécié de nos aïeux car ils y trouvaient des prévisions
du temps sur l'année à venir et des blagues qui sauvaient les longues soirées
d'hivers d'antan de rites issus du cannibalismes!)
L'impérator,
c'est pas un rigol'man comme dirait mon ami Chris. Il a l’œil malicieux de son
vénérable paternel, et l'ouïe de sa maternelle chevrette (La bien nommée:
L'ouïe, la broc'hante!) Ce brocard là, c'est du premier choix de proie, au
niveau réflexe... Il est toujours tendu (comme un string taille XXXS appliqué
au séant de Suzanne BOYLE...) Il est doté d'un flair digne des meilleurs
setters destinés à la chasse à la Grouse de la famille royale d'Angleterre. Il
dispose de la connaissance du terrain à faire pleurer les éclaireurs des
divisions entières de chasseurs parachutistes. Il n'a pas le handicap de son
vieux paternel...
Bref...
C'est pas gagné!!!
J'ai le
souvenir, en préparant mes affaires, d'avoir remis dans mon sac, un article
auquel je ne croyais que moyennement: le butolo.
Bien m'en a
pris car c'est certainement son usage qui changea la face du scénario de la
soirée comme le cheval changea la fin de la guerre de Troyes et cela Cheval te
l'dire comment que cela qu'il s'est passé! Nom de dious...
Il est
bientôt 19h00 et rien n'a bougé. En venant à mon arbre, je me suis fait
copieusement engueulé et survolé de façon intimidante par le sempiternel couple
de buses adhérentes au ROC...
Mais à part
ces deux oiseaux de malheur??? Rien... Queud'chi... Nada...
Je me dis
alors: "tiens au lieu de garder ton butolo dans ta poche, n’essaierais-tu
pas d'en trouver une autre utilité??? Il n'est pas doté de piles (donc l'usage
sextoy façon petit canard n'est même pas envisagé) c'est au profit de son réel
usage que je m’exécutai alors, à savoir: l'appel de la chevrette en chaleur ou
du petit qui appel sa génitrice, par simple pression sur le biniou noir!
Je
m'applique pour faire sortir deux complaintes mielleuses et aguicheuses espacées
de quelques (trois) petites secondes, puis je me tourne vers le bois...
Pas trois
minutes après ce premier appel, j'entends des pas sur ma droite... dans l'angle
de la lisière qui donne sur la prairie. C'est à ce moment précis que mes genoux
se mettent à trembler comme si je repassais mon premier examen, mon cœur se met
à battre comme si j'allais embrasser ma première petite amie dont le visage
pré-pubère est couvert d'acné... Ma respiration devient folle comme le jour où
je suis devenu un homme, un vrai...
Je revivais
alors mes première fois, mes premiers émois, ma première émotion cynégétique...
26 ans après... C'est ça, la magie...
Ensuite, la
maîtrise et l'expérience reprennent le contrôle de la situation: respiration
fractionnée avec le ventre, ne pas penser comme une proie, il faut un instant
seulement quitter le délicieux souvenir pour devenir le prédateur
implacable...
Le brocard
ne voyant pas de chevrettes à l'horizon décide de profiter de la fraîcheur de
l'herbe qui a repris un peu de sa verdure originelle avec les ondées des
dernières heures. Il avance doucement vers la tragédie de son existence, il
fait quelques pas en direction d'une zone qui me sera dégagée pour le tirer et
distante de 15 à 20 mètres selon l'azimut choisie par le capréolidé*.
(*NDLR:
Capréolidé On ice, actuellement puisqu'au congelateur!)
Je profite
de son passage dans une zone qui masque mon mouvement de sa vue et j'arme mon
Heli'm. Les 68 livres de tension passent comme une lettre à la poste, je prends
ma visée. Comme à l'entrainement, je stabilise le point lumineux de mon viseur
FASTFIRE. Je m'applique à tenir en ligne mes épaules que je sens parfaitement
en position et profite qu'il replonge la tête dans une touffe de pissenlits et
je décoche en back-tension avec la pointe du coude du décocheur. Mon encoche
lumineuse rejoint merveilleusement le point rouge qui est comme planté sur le
bas de poitrail et le brocard prend alors comme une terrible décharge
électrique... Mon encoche lumineuse vient de disparaitre dans le bas de son
thorax et alors qu'il s'enfuit, je vois clairement des pulvérisations
cramoisies qui s'échappent de ses flancs. Je ne le quitte pas des yeux et je
compte depuis l'anschuss: 1.2.3.4.5.6.7 (une première chute à l'entrée du bois)
8.9.10.11.12.13 gros fracas quelques mètres plus loin puis plus rien!
La nature
semble figée, la buck me reprend un petit coup, histoire de me rappeler la
gravité de mon acte et les obligations qui vont être les miennes dans les
minutes à venir: retrouver, baguer, rendre les honneurs et traiter avec immense
respect cet animal qui est un fruit providence de la Nature.
Même si
l'atteinte est parfaite, j'attendrai (pour l'exercice) 20 minutes avant
d’entamer la recherche.
En fait,
cela nous donne le temps de prévenir par SMS (Sornettes Meurtrières de Sam) mes
copains, ma femme, puis de remballer tranquillement les affaires (descendre
l'arc se détacher, démonter le tree stand, les échelles, remonter les échelles
et monter récupérer la sécurité qui est restée suspendue en haut, jeter de rage
en bas le matos car on y tient plus et que ces "nardinamouk" de
secondes ne passent pas... Si bien que vous finissez par faire le pied de grue
au pied de votre arbre au bout d'un quart d'heure et il vous reste 5 minutes à
faire le monde et surtout le film de l'action qui vient d'avoir lieu.
Bref, les 20
minutes sont passées tout de même, et l'heure est à l'analyse. Arrivée à
l'Anschuss... c'est Byzance!!!
Pour moi qui
suis Daltonien, c'est royal! J'ai une piste au sang dans l'herbe qui fait
environ deux mètres de large et que j'arrive à la suivre comme si c'était sur
de la neige (C'est dire!) je récupère ma flèche qui est deux mètres derrière le
point d'Anschuss et dont les lames (Exodus Swept) coupent encore assez pour me
faire une petite entaille (Pas landaise l'entaille) de la paume de la main. Je
progresse en prenant les photos de cette piste incroyable. Je fais 20 mètres et
rentre dans le bois j'arrive sur des branches en travers là où le brocard s'est
empiaché et semble être tombé une première fois. Il y a du sang sur 1.30 de
haut et toujours deux mètres de larges (Je me demande ou il planquait tout
cette hémoglobine le bougre!) puis au bout de quelques mètres il est là dans la
régé sous futaie... Immense plaisir et tristesse mêlée... Toujours comme la
première fois!!!
Il faut le
baguer, lui rendre les honneurs.. puis le sortir de là pour le présenter à la
civilisation... Je le sors du bois, le photographie, je le vide avec soin et je
lui parle, mais il ne me réponds même pas... Comme la première fois, me direz
vous... Il pèse un poids dingue et avec le tree stand, échelles, arc et tout le
barda, ce ne sera pas moins de 40 Kgs de chargement que je me trimbale sur plus
de 800 mètres. Ce brocard pèse 22.5 Kgs vidé! Je le charge et rentre chez ma
maternelle ou mon fiston qui a eu vent de mon exploit vient me sauter au cou...
Sa fierté est comme la première fois où j'avais eu ce sentiment de fierté pour
mon défunt père (qui avait été mis à l'honneur par le comité des fêtes pour son
travail bénévole parmi d'autres vénérables villageois, je devais avoir une
petite dizaine d'année moi aussi!!!)
Bref, c'est
avec beaucoup d'émotions que cette soirée s'est déroulée et c'est fatigué
jusqu'à la moelle que je regagnerai le domicile conjugal... Que pouvait-il y
avoir de mieux sur cette terre pour moi ce soir??? une tête remplie de
souvenirs grâce à ce splendide animal.
la chasse
n'est qu'un éternel retour aux sources par l'émotion... Et cela ça ne
s'explique pas ça se vit.
...Pour les
fou-dingues du matériel;
Tir: 18
mètres (télémètré!), distance de fuite: 35 m environ. Atteinte plein cœur qui
est déligné de haut en bas.
Arc Héli'm
68#@26.5, flèches piledriver hunter 350 équipées d'Exodus Swept 125 grains,
encoche lumineuse Lumnok rouge, viseur point rouge BURRIS, baskettes,
chaussettes Quechua, pantalon et Tshirt PREDATOR brown-deception, shaggie,
cagoule shaggie... et étant croyant, je portais un slip de missel... (Le slip
des enfants de cœur préféré des prêtres!)
Ainsi si on
me demande: merci qui???
Je peux
répondre: Merci shaggie et Missel!!!"
Samuel Journot
Samuel Journot
félicitation sam et merci pour ce récit
RépondreSupprimerFélicitations renouvelées !
RépondreSupprimerÇa, c'est du récit !
super récit , bravo et félicitations .... que d'émotions dans la narration ... j'avais l'impression d'y être merci
RépondreSupprimerDU GRAND DU TRES GRAND.
RépondreSupprimerj'ai hâte d'être au mois d'octobre car cette année tu est en forme ton récit tout est à ton image j'adore je rigole j'en peux plus.
félicitations a toi grand SAM jolie BROC l'équipe et redoutable cette année.
merci shaggie et missel mouahhahahahhahahahahah
Félicitation Sam beau récitqui fait revire tant de bon souvenirs !
RépondreSupprimerOui, cette histoire est comme un bon vieux camembert, son caractère et sa robe soyeuse font qu'elle ne s'oubliera pas de sitôt.
SupprimerJ'ai même eu une petite érection!
RépondreSupprimerMerci SAM
Oui de bon augure pour cet automne bravo encore...
RépondreSupprimerP..... que c'est beau ! un pur régal...BRAVO SAM
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